En mettant en vente « Gala », le groupe contrôlé par Vincent Bolloré espère obtenir le feu vert de la Commission européenne pour son OPA sur le groupe Lagardère, propriétaire de « Paris Match ».
C’est un dernier obstacle qui tombe sur la route de la prise de contrôle de Lagardère par Vivendi. Après avoir enclenché en mars le processus de cession de 100 % d’Editis, le géant des médias contrôlé par la famille Bolloré a décidé à contrecoeur de mettre en vente l’hebdomadaire people « Gala ».
Ce « remède » devrait être proposé officiellement mercredi soir par Vivendi, propriétaire du groupe de presse Prisma Media, à la Commission européenne, afin d’apaiser ses craintes quant à la constitution d’un monopole sur le segment de la presse people.
Bruxelles voyait en effet d’un mauvais oeil le rassemblement dans un même ensemble des titres « Voici », « Gala », tous deux chez Prisma Media, et « Paris Match », venu du groupe Lagardère. Contacté, Vivendi se refuse à tout commentaire.
Choix réaliste
Selon nos informations, Claire Léost, la patronne de Prisma Media, a rencontré les équipes de « Gala » mardi matin pour leur annoncer la décision de céder l’hebdomadaire. Dans une note interne aux salariés de Prisma, la dirigeante explique qu’aux yeux de la Commission européenne, « Gala » est un concurrent direct de « Paris Match » sur le marché de la presse people.
« Nous ne partageons absolument pas cette analyse et tentons depuis des mois d’apporter des réponses à ces craintes infondées, écrit-elle. Malgré tous nos efforts, nous ne sommes pas parvenus à convaincre la Commission européenne et Vivendi se voit contraint de proposer la cession de Gala ».
Un choix réaliste. La question du marché de la presse people était le dernier point d’achoppement sur lequel le gendarme antitrust européen restait inflexible. La Commission européenne s’est récemment donnée un mois supplémentaire, jusqu’au 14 juin, pour conclure son enquête approfondie sur le projet de rapprochement Vivendi-Lagardère.
« C’est à compter de cette date que nous étudierons les offres de rachat formulées par des repreneurs potentiels, indique le mémo envoyé par Claire Léost à ses équipes. Nous veillerons à choisir un acteur des médias qui a un projet ambitieux pour « Gala » et lui permettra de poursuivre son développement. » Même si le processus de cession de « Gala » n’est pas encore officiellement enclenché, la vente devrait être complétée « d’ici la fin de l’année 2023 », indique la note.
Puissant sur TikTok
Selon l’ACPM, le titre affichait en 2022 une diffusion payée de 128.000 exemplaires en moyenne, en baisse de 4,7 % sur l’exercice. Au deuxième semestre 2022, son audience cumulée a atteint 1,23 million de lecteurs chez les plus de 15 ans (+14 % sur un an).
Grâce à un effort intense sur le front numérique, « Gala » a aussi connu un bel essor ces dernières années sur les réseaux sociaux, notamment sur TikTok, où le titre compte 5,7 millions d’abonnés. De quoi attiser quelques convoitises, d’autant que cette cession contrainte ne place pas le vendeur dans une position idéale pour négocier.
Mais le jeu en vaut la chandelle pour Vivendi, bien décidé à finaliser son OPA sur Lagardère. Avec « Paris Match », dont la diffusion payée a atteint 478.000 exemplaires en 2022, son pôle de presse magazine se verrait fortement renforcé.
Près de deux ans après son rachat par Vivendi, Prisma Media, qui vient de lancer en France le mensuel de mode « Harper’s Bazaar », est déjà le premier groupe de presse magazine français (« Capital », « Géo », « Voici », « Télé-Loisirs », etc.).