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Vivendi va enfin pouvoir prendre le contrôle du groupe Lagardère

La Commission européenne a donné son feu vert « sous certaines conditions » à la prise de contrôle du groupe Lagardère, maison mère du troisième éditeur mondial Hachette Livre, par le géant français des médias Vivendi. Après de longs mois de négociations, les cessions de « Gala » et « Editis » sont acceptées comme remèdes.

Big bang dans l’édition et les médias en France. Le plus gros obstacle au rachat du groupe Lagardère (qui détient entre autres Hachette, « Paris Match » et les boutiques Relay) par Vivendi vient d’être franchi par ce dernier puisque la Commission européenne, a accordé, vendredi, son blanc-seing sous conditions à cette opération. Ne reste, pour Vivendi, qu’à appliquer les remèdes imposés par Bruxelles pour des raisons de concurrence aussi bien dans l’édition que dans la « presse people » en France.

En clair, les cessions par Vivendi de son pôle édition Editis et du magazine « Gala » sont donc enfin acceptées comme « remèdes » par les services de la concurrence européens. « C’est une excellente nouvelle qui ouvre un nouveau chapitre ambitieux pour nos deux groupes », a déclaré Arnaud de Puyfontaine, président du directoire de Vivendi.

Sauf énième coup de théâtre dans ce dossier qui aura vu Vivendi faire plusieurs concessions, le géant tricolore du divertissement va ainsi céder le numéro deux du marché français de l’édition, la maison mère de Julliard, Plon, Nathan…

Objectif octobre

Le repreneur est connu depuis plusieurs semaines : il s’agit d’International Media Invest (IMI), la filiale du holding CMI appartenant au milliardaire tchèque Daniel Kretinsky qui possède plusieurs titres de presse en France comme « Elle » et « Marianne ». « Le ‘closing’ de cette opération devrait se faire entre mi-juillet et la rentrée », explique Arnaud de Puyfontaine.

Dans les prochains mois, Vivendi va aussi devoir se séparer de « Gala ». Pour l’heure, ce chantier est moins avancé que celui de la revente d’Editis. « Mais nous avons reçu plus d’une dizaine de marques d’intérêts dignes d’être examinées pour cet actif extrêmement dynamique », souligne Arnaud de Puyfontaine.

Gala valorisé plus de 50 millions

Rentable, « Gala » pourrait se négocier pour un peu plus de 50 millions d’euros, selon nos informations. Le nom de l’acquéreur ne devrait pas rester secret de long mois puisque Vivendi entend boucler ces deux opérations d’ici à la fin du mois d’octobre, soit plus de deux ans après le lancement de l’OPA sur le groupe Lagardère.

Ce n’est qu’à cette date que le dernier feu vert, qui ne devrait être qu’une formalité, sera obtenu. Vivendi sera alors l’actionnaire majoritaire de Lagardère et pourra l’exploiter de manière opérationnelle.

Avec cette opération, Vivendi – dont la scission de son principal actif Universal Music Group (UMG) en 2021 va entraîner sa sortie du CAC 40 dans les prochains jours – va quasiment doubler de taille puisque ses effectifs vont passer de 38.000 à 66.000 salariés, pour un chiffre d’affaires à 17 milliards d’euros contre environ 10 milliards aujourd’hui. Avec Hachette, le groupe met la main sur le leader français du secteur dans l’édition et le troisième à l’international (hors secteur professionnel). « Notre ambition a toujours été d’avoir un champion mondial dans l’édition et nous ne nous interdisons pas de viser la première place du secteur d’ici à quelques années », expose Arnaud de Puyfontaine.

Numéro quatre aux Etats-Unis

Très international, Hachette est le numéro quatre du secteur aux Etats-Unis. Dans les prochains mois, Vivendi va sans doute suivre de très près le dossier de la maison d’édition américaine Simon & Schuster que Paramount vient de remettre en vente après n’avoir pu la céder fin 2022 – pour des raisons d’antitrust – à Bertelsmann (Penguin Random House) pour 2,2 milliards de dollars. Cet éventuel rapprochement avec Simon & Schuster ferait d’Hachette le numéro deux du marché américain derrière Penguin Random House et devant HarperCollins.

Si le groupe venait à se positionner sur ce dossier, il faudrait toutefois obtenir le feu vert des autorités de la concurrence américaines, qui a bloqué le rapprochement entre Bertelsmann et Simon & Schuster pas tant en raison de leur part de marché cumulé mais parce que leur fusion aurait réduit le nombre d’interlocuteurs pour les auteurs qui négocient contrats et avances avec les éditeurs.

17 milliards d’euros de revenus

Vivendi, centré sur la télévision, l’édition, la publicité ou les jeux vidéo, contrôlera par ailleurs un groupe Lagardère propriétaire d’une puissante société de commerce dans les gares et les aéroports. Beaucoup estiment que la famille Bolloré, actionnaire de contrôle de Vivendi, pourrait chercher à céder cette activité qui redémarre en cette période de sortie de crise du Covid-19. Arnaud de Puyfontaine déclare toutefois pour l’instant que « le ‘travel retail’ a toute sa place dans le périmètre de Lagardère ».

Même si cela ne peut pas remettre en cause la prise de contrôle de Lagardère par Vivendi, les deux groupes ont un dernier détail à régler. L’Arcom, le gendarme de l’audiovisuel, doit valider le placement sous une commandite du pôle radio de Lagardère, avec Europe 1 comme principale station. Sans quoi l’autorité devra se prononcer sur un changement de contrôle de ces radios au profit de Vivendi.

 

Lire : Les Echos du 9 juin

 

Jean-Philippe Behr

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