La Foire du livre de Francfort ouvre ses portes mercredi, à un moment-clé pour Editis dont le directeur général vient d’être remplacé.
Une reprise en main. Le groupe Vivendi, en rachetant le deuxième groupe d’édition français Editis en février, entend désormais mettre en place sa stratégie. Le 30 septembre, le conseil d’administration d’Editis a remercié Pierre Conte – qui avait pourtant restructuré Editis en pôles, comme le demandait son actionnaire – pour confier les rênes du groupe à une spécialiste de la logistique, Michèle Benbunan, ex-directrice de la branche services et opérations d’Hachette Livre.
Au moment où s’ouvre, mercredi 16 octobre, la grand-messe mondiale du secteur, la Foire du livre de Francfort, Arnaud de Puyfontaine, président du directoire de Vivendi et président d’Editis, ne cache pas son modèle. Il s’inspire du schéma de l’empire dessiné en 1954 par Walt Disney, accroché en bonne place dans son bureau. Depuis trois ans, il cite invariablement l’exemple du petit ours Paddington, dont Vivendi a acheté les droits pour continuer à décliner cette licence en films, séries télévisées, jeux vidéo, produits de merchandising, parc à thèmes, vêtements, jouets, etc. Si la recette peut fonctionner en ce qui concerne les héros pour enfants ou adolescents, difficile, pourtant, d’envisager un tel traitement pour l’édition scolaire ou les grands auteurs de littérature.
Une ambiance fébrile
L’incompréhension pourrait être réelle avec les écrivains des maisons d’édition d’Editis (Robert Laffont, Julliard, Plon, Bouquins, Perrin…) puisque les spécialistes du marketing qui entourent M. de Puyfontaine parlent plutôt propriété intellectuelle que livres. Bon nombre d’auteurs redoutent en off que marketing, pressions sur les résultats et exigence intellectuelle ne fassent pas bon ménage. Même si, pour l’heure, personne n’a eu à déplorer un cas de censure. Un éditeur du groupe assure :
« Le scepticisme semble généralisé et la convergence entre les livres et l’audiovisuel restera obligatoirement marginale. »
Le fait d’avoir déboursé 900 millions d’euros – une somme très élevée aux yeux des analystes financiers – pour acheter Editis à l’espagnol Planeta ne donnera pas pour autant matière à décliner à l’infini une politique de convergence des « contenus et des contenants » comme en rêvait en vain Jean-Marie Messier…