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Vivendi lance le magazine de mode « Harper’s Bazaar » en France

Prisma Media, le pôle presse du groupe Vivendi, lance le 23 février l’édition française de ce mensuel américain de mode, déjà présent dans 40 pays. Un pari audacieux alors que le prix du papier a flambé et que le secteur se tourne vers le digital.

C’est un lancement de magazine comme on n’en voit presque plus. Jeudi 23 février, à quelques jours du début de la Fashion Week qui réunira le gotha mondial de la mode à Paris, Prisma Media, le pôle presse du groupe Vivendi, fait paraître en kiosque le premier numéro français de « Harper’s Bazaar ».

Plus de 155 ans après sa création, en 1867, le plus ancien magazine de mode encore existant, déjà décliné dans 40 pays, arrive ainsi dans l’Hexagone. Prisma Media en a obtenu la licence pour la France auprès du groupe Hearst Magazines International.

« Bizarrement, il n’y avait pas d’édition française, alors que Paris est la capitale de la mode et du luxe », souligne la présidente de Prisma Media, Claire Léost. La faute sera bientôt réparée, avec la parution prochaine de ce mensuel aux 10 numéros par an (dont deux doubles l’été et en décembre-janvier), accompagné d’un site Internet et d’une présence sur les réseaux sociaux.

Premier numéro de 300 pages

La première parution a des allures de numéro collector. Avec 300 pages, elle proposera quatre couvertures différentes, mettant à l’honneur des mannequins immortalisés par Mario Sorrenti, qui a notamment lancé la carrière de Kate Moss.

A l’intérieur, les lecteurs découvriront de nombreuses séries de photos de mode, produites spécifiquement pour l’édition française. Ainsi qu’une large partie dédiée à la culture, avec la présence, dans le premier numéro, de signatures comme les romancières Catherine Millet ou Emma Becker, ou encore d’un scénario du dramaturge Florian Zeller.

Le titre sera vendu 4,90 euros en kiosque, et 25 euros pour un abonnement d’un an, des tarifs équivalents à ceux du concurrent principal, « Vogue » (Condé Nast). Le « Bazaar » s’appuie sur une quinzaine de journalistes, emmenés par le directeur de la rédaction Matthias Gurtler, venu de « Gala », et le rédacteur en chef Olivier Lalanne, ancien de « Vogue ».

« Le marché français de la presse mode est assez figé, nous avons envie de le réenchanter. Dans un monde où l’on uniformise les contenus, ce projet va à contre-courant », assume Claire Léost. Dans un premier temps, le papier sera prépondérant dans le business plan. Un pari audacieux. « La presse est un marché d’offre, qui s’atrophie si on ne propose rien », considère Claire Léost.

Le premier numéro sera tiré à 150.000 exemplaires. Prisma vise une rentabilité d’ici à deux ou trois ans, et espère des ventes moyennes de 60.000 exemplaires, dont un tiers par abonnement. Le rival « Vogue » s’est écoulé en moyenne à 79.000 exemplaires par mois l’an dernier en France, selon l’ACPM.

Pari de la publicité

« Harper’s Bazaar » devra aussi faire face au mensuel « Cosmopolitan » (groupe Marie Claire, 180.000 exemplaires moyens par mois en 2022), ainsi qu’aux hebdomadaires « Madame Figaro » (Groupe Figaro, 385.000 exemplaires) et « Elle » (CMI France, 283.000 exemplaires).

Dans ce projet, surtout fondé sur la publicité, les revenus numériques devraient peser à terme 30 % à 50 % du total des recettes. Prisma Media n’a pas transigé sur la qualité du papier, en faisant le choix d’un grammage haut de gamme (80 g), malgré l’envolée des prix ces derniers mois. Dans le premier numéro, une page sur trois est une publicité, venant notamment de grandes marques de luxe.

Le projet bénéficie du soutien de l’actionnaire de Prisma, Vivendi, dont le siège parisien sera recouvert d’une bâche à l’effigie du premier numéro français du « Bazaar ». Leader de la presse magazine en France, Prisma Media prévoit deux autres lancements de bimestriels d’ici à l’été, dans les domaines du développement personnel et de la jeunesse.

 

Lire : Les Echos du 20 février

 

Jean-Philippe Behr

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