Le groupe de Vincent Bolloré a franchi le seuil de 20 % du capital du groupe présent dans l’édition, la distribution dans les gares et les aéroports et les médias avec notamment Europe 1 et « Paris Match ». Bolloré envisage de demander un ou des sièges au conseil de surveillance.
Bolloré se renforce au capital du groupe Lagardère. L’Autorité des marchés financiers a annoncé mercredi que Vivendi avait franchi le seuil de 20 % du capital du groupe (21,19 % précisément) et en est devenu le premier actionnaire. Il est donc passé devant le fonds activiste Amber Capital, lequel vient aussi pourtant d’accroître sa part de 18 % à 19,93 %. Le premier totalise désormais 16,01 % des droits de vote, contre 15,06 % pour le second, alors que le Qatar, lui, en détient 20 %, avec une participation de 13 % au capital.
La « percée » de Vivendi n’est cependant qu’une demi-surprise : le groupe, dont Bolloré est le premier actionnaire, avait prévenu qu’il souhaitait se renforcer au capital de Lagardère depuis qu’il en a pris 10 % fin avril, évoquant alors un « placement financier à long terme ».
Ce qui interroge en revanche, c’est que désormais, Vivendi « envisage » – selon ses propres termes – de demander un ou plusieurs sièges au conseil de surveillance. Et qu’il justifie cette demande en faisant référence au « caractère incertain des changements annoncés le 25 mai », date à laquelle Groupe Arnault a pris environ 25 % de Lagardère Capital & Management (LCM), le holding personnel d’Arnaud Lagardère.
Aucun caractère hostile
L’un, Vivendi, est donc au capital de Lagardère, l’autre, Groupe Arnault, dans la structure de gouvernance. « Vivendi a jugé qu’il était prudent de se renforcer en raison des changements opérés le 25 mai qui posent un certain nombre de questions notamment sur l’évolution de la commandite du groupe, explique un porte-parole. Il n’y a aucun caractère hostile dans la démarche de Vivendi. »
« Est-ce que Groupe Arnault va monter au sein de la commandite ou rester à 25 % ? Est-ce que cette commandite va disparaître un jour ? Ce sont autant de questions qui peuvent se poser », pointe un bon connaisseur du dossier. Sans compter que, pour certains, Amber, qui a mené et perdu un combat frontal contre Lagardère ces derniers mois, et le Qatar, deux autres actionnaires importants du groupe, qui détiennent à eux deux environ 30 % du capital, n’auraient pas vocation à rester éternellement.
Même si les familles Bolloré et Arnault sont toutes deux amies de la famille Lagardère, le secteur ne peut s’empêcher de spéculer sur les intentions à plus long terme des uns et des autres. De fait, les deux occupent désormais une place de choix si, un jour, Arnaud Lagardère devait décider de se séparer de certains actifs, lui qui est propriétaire d’Europe 1, « Paris Match », le « JDD » ou encore du premier groupe d’édition français Hachette et de Lagardère Travel Retail.
« La relation entre Groupe Arnault et Vivendi est maîtrisée : il n’y a pas de polémique ni de grandes manoeuvres, personne n’a envie d’offenser Arnaud Lagardère », relève une source proche du dossier. L’intéressé a lui en tout cas clôt le débat sur la vente de son groupe en déclarant récemment haut et fort qu’ il s’opposerait « personnellement » à tout « démantèlement », dans un entretien aux « Echos ».
Lire : Les Echos du 15 juillet