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USA : les jours de la presse régionale sont comptés

Des millions d’Américains vivent aujourd’hui dans des régions où il n’y a qu’un seul journal local… voire aucun. Ils seront probablement encore plus nombreux dans les prochaines années. La disparition de la presse locale ne fait que s’aggraver aux États-Unis, selon une récente étude de l’université Northwestern.

En 2004, l’écrivain américain Philip Meyer a marqué l’opinion en affirmant dans son livre « The Vanishing Newspaper » que le dernier journal imprimé paraîtrait en avril 2043. Le dernier rapport de la Medill School de l’université Northwestern sur le déclin de la presse locale américaine laisse penser que cette prédiction se réalise plus vite que prévu. D’après l’étude, les États-Unis perdent en moyenne deux journaux chaque semaine. Au total, 2500 titres de presse ont disparu depuis 2005.

La pandémie n’a fait qu’accentuer la disparition des médias locaux et régionaux. Plus de 360 journaux américains ont ainsi cessé leur publication entre fin 2019 et mai dernier. La grande majorité étaient des hebdomadaires, s’adressant à des communautés dont la taille variait de quelques centaines à des dizaines de milliers d’habitants.

Soixante-dix millions d’Américains se retrouvent ainsi sans « canard du coin ». De véritables déserts médiatiques apparaissent dans le pays, que ce soit dans des zones rurales comme dans de lointaines banlieues. Ce phénomène contribue à la polarisation de la société américaine. « La disparition du journalisme local participe à la propagation pernicieuse de la désinformation, à la polarisation de la vie politique, à l’érosion de la confiance dans les médias et à l’apparition d’un fossé numérique et économique béant entre les citoyens », Penelope Abernathy, autrice du rapport et professeure associée à la Medill School.

Selon le rapport, ce déclin de la presse locale s’explique par l’effondrement des recettes publicitaires et la concurrence des réseaux sociaux. Des bouleversements qui ont provoqué une vague de concentration de titres régionaux et la suppression de nombreux postes de journaliste. « Depuis 2005, année où les recettes des journaux ont atteint 50 milliards de dollars, le nombre total d’emplois dans les rédactions a chuté de 70 %, alors que les recettes sont passées à 20 milliards de dollars », précise l’étude.

Cette situation inquiète particulièrement Dean Baquet, rédacteur en chef du New York Times. « La crise la plus dramatique pour le journalisme américain, c’est la mort des journaux locaux », a-t-il déploré en 2019, durant le congrès mondial de l’International News Media Association. « La plupart des journaux régionaux américains vont mourir dans les cinq prochaines années, sauf ceux qui auront été rachetés par un milliardaire local ». De quoi donner raison à la prophétie de Philip Meyer.

 

Lire : La Dépêche du 4 juillet

 

Jean-Philippe Behr

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