Il y a neuf ans, plusieurs États américains ont supprimé l’apprentissage de l’écriture manuelle à l’école, avant de revenir sur cette décision en 2017. D’autres pays, comme la Finlande, intègrent le clavier dès le plus jeune âge.
15 % : c’est la proportion d’Américains qui disent, dans un sondage datant de la fin de l’année dernière, n’avoir jamais rédigé un courrier à la main. Toujours selon cette étude, 37 % des personnes interrogées n’ont pas envoyé de lettre manuscrite depuis plus de cinq ans et 50 % n’en ont pas reçu personnellement sur la même durée.
Si en France, la plupart des chercheurs s’accordent à dire que l’apprentissage de l’écriture manuelle n’est pas menacé dans l’immédiat, l’histoire est un peu différente outre-Atlantique. En 2013, quinze États l’ont supprimée à l’école, pour la remplacer par des cours liés à l’usage du numérique, comme les claviers. L’idée était de parier sur les usages futurs et surtout de gagner du temps scolaire pour d’autres disciplines.
Mais en 2017, l’enquête d’un journaliste dans la Silicon Valley, le berceau des nouvelles technologies, en Californie, a démontré que les concepteurs de claviers eux-mêmes scolarisaient leurs enfants… dans des établissements privés, où l’apprentissage de l’écriture manuelle est au programme !
Les scientifiques du pays avaient aussi dénoncé le recours aux outils numériques, prouvant qu’ils n’avaient pas les mêmes vertus que le stylo, notamment sur la mémoire et la compréhension. Les États américains en question sont donc revenus sur leur décision, « mais l’idée était là », rappelle Bernard Bouvet, l’un des organisateurs de la Semaine de l’écriture, qui se tient jusqu’au 9 octobre en France et met la graphie à l’honneur.
L’écriture cursive particulièrement négligée
Aujourd’hui, indique Margot, jeune institutrice installée en Californie, les élèves américains apprennent à écrire à la main, « mais uniquement en capitales en maternelle, puis en script (avec des lettres détachées les unes des autres), jamais en cursive (avec des lettres liées) », sauf dans certains établissements privés. Au Québec, les élèves démarrent leur apprentissage avec l’écriture en majuscules d’imprimerie, avant de passer, plus tard, à la cursive.
Autre exemple en Finlande. Depuis 2016, l’apprentissage de l’écriture cursive n’y est plus obligatoire. Dès les petites classes, les « lettres attachées » cèdent ainsi parfois la place à l’enseignement de la frappe au clavier et à des cours d’écriture électronique. Cela repose sur l’idée que, de moins en moins d’adultes écrivant à la main, l’écriture cursive serait dépassée.
Lire : Le Parisien du 5 octobre