Overtime, spécialisé dans le sport, diffuse ses vidéos sur les réseaux sociaux en reprenant les codes de la génération Z. Le média en ligne vient d’être valorisé plus d’un demi-milliard de dollars. Axios, qui vient d’être racheté, s’adresse à un public averti, tandis que The Athletic bouscule le journalisme sportif.
Entre levées de fonds et acquisitions, les success-stories de nouveaux médias se multiplient aux Etats-Unis. Overtime, un média spécialisé dans le sport qui s’adresse avant tout aux plus jeunes, a levé 100 millions de dollars en série D, révèle Axios. Après cette levée de fonds, sa valeur est estimée à un demi-milliard de dollars, a déclaré une source proche des discussions.
Axios lui-même, qui a fait de la « brièveté intelligente » sa marque de fabrique, a été racheté cette semaine par le groupe Cox, pour 525 millions de dollars. Au début de l’année, c’est un autre site d’information sportive, The Athletic , qui a été racheté par le « New York Times » pour 550 millions de dollars.
Nouvelle génération
Au premier abord, ces trois médias n’ont que peu de points communs, à part leur date de création. Ils ont tous les trois été lancés en 2016, l’année de l’élection de Donald Trump. Ils partagent néanmoins une volonté de raconter l’information en se distinguant des médias traditionnels.
« Le secret de notre succès est cette idée que la prochaine génération d’athlètes vedettes était fondamentalement différente », explique Overtime sur son site Internet. « Les réseaux sociaux ont changé la donne, mais les médias sportifs n’ont pas évolué. » Le site se vante de ses « relations extrêmement proches avec les joueurs et leurs familles ». Ses programmes ont été vus 18 milliards de fois en un an, affirme le jeune média.
En tout, Overtime a levé 250 millions de dollars, y compris de célébrités dont Drake et des douzaines de joueurs de la NBA, le tournoi de basket-ball américain. Il diffuse ses contenus vidéos sur les réseaux sociaux, dont YouTube, Snapchat et Facebook. Et il a créé, l’année dernière, une ligue de basket-ball, baptisée « Overtime Elite », qui recrute des athlètes lorsqu’ils sont encore au lycée.
Rentabilité incertaine
The Athletic, racheté par le « New York Times » en janvier, a quant à lui beaucoup investi pour se démarquer par une couverture approfondie de l’actualité sportive. Il compte 400 journalistes sportifs, ce qui fait de lui la deuxième rédaction spécialisée derrière la chaîne ESPN, détenue par Disney. Pour l’instant, ce média spécialisé n’est pas encore rentable.
Axios, au contraire, dit l’avoir été dès ses débuts. Il se distingue par la brièveté de ses formats, qui distille l’information en quelques points importants. Lancé par des anciens de Politico, il visait, à ses origines, un public averti en se concentrant sur quelques secteurs, dont la tech, la finance et l’énergie. Il a depuis lancé des éditions régionales, avec des dizaines de newsletters.
Abonnements, publicités ou autres
Bien sûr tous les nouveaux médias américains n’ont pas la même réussite malgré des modèles innovants, comme le montre les difficultés de BuzzFeed . En tout cas, ces trois nouveaux médias de la dernière génération ont inventé leurs propres modèles économiques. Axios, dont les contenus sont largement gratuits, mise sur des publicités pointues, et offre aux agences publicitaires des lecteurs influents. Ses principaux clients sont des grands groupes, qui espèrent ainsi influencer des décideurs politiques.
La majeure partie des revenus d’Overtime, à ses débuts, provenait de la publicité et de sponsors. Mais le site a commencé à diversifier ses revenus depuis qu’il a lancé sa propre ligue de basket. Il a, par exemple, signé un accord de licence avec Topps, qui produit des cartes à échanger, pour que ses athlètes figurent sur ces dernières. The Athletic, au contraire, mise exclusivement sur l’abonnement.
Consolidation
Politico, un site spécialisé dans la politique et les politiques publiques, est l’un des pionniers de ces nouveaux médias qui ont inventé leur propre modèle économique. Il s’est lancé en 2007, à une époque où les médias traditionnels souffraient de l’essor des géants d’Internet. Avec son ton irrévérencieux et sa myriade de newsletters, il tire ses revenus à la fois de la publicité en ligne et des abonnements pour les professionnels des politiques publiques.
Le site américain a été racheté, l’année dernière, par Axel Springer Verlag , le groupe d’édition allemand qui détient notamment l’influent tabloïd « Bild ». La transaction aurait atteint 1 milliard de dollars, selon Bloomberg. Les deux groupes de médias s’étaient associés, en 2015, pour créer Politico Europe, qui s’inspirait de son cousin américain pour couvrir la politique européenne depuis Bruxelles.
Le géant allemand avait déjà fait l’acquisition de Morning Brew, une newsletter économique, en 2020 et de Business Insider en 2016. A l’occasion de l’acquisition de Politico, son directeur général Mathias Döpfner expliquait à « Bild » que les Etats-Unis étaient le « principal moteur de croissance de [son] activité d’édition ». Acquérir de nouveaux journaux est un moyen comme un autre, pour ce groupe de médias historiques, de se renouveler.