CCFI

Une soixantaine d’emplois sur la sellette à La Provence

Un « plan de transformation » serait en préparation au sein du quotidien régional, propriété du patron de la CMA CGM. Le SNJ est vent debout, la Filpac-CGT pointe « un plan social déguisé ».

La CMA CGM et son patron, Rodolphe Saadé, vont-ils tenir leurs promesses du maintien de l’emploi à La Provence ? Selon toute vraisemblance, le propriétaire du groupe de presse n’en prend pas le chemin.

En cause ? La préparation d’un « plan de transformation », selon la CMA CGM, qui impacterait une soixantaine d’emplois, selon les syndicats. La Filpac-CGT, par la voix de Thierry Camusso y voit « un potentiel plan social déguisé » quand le SNJ de La Provence fait part de « fortes préoccupations concernant les menaces de réductions d’effectifs », confirmant une information de nos confrères de La Lettre A.

Concrètement, un dispositif de GEPP (gestion des emplois et des parcours professionnels) a été présenté à l’ensemble des organisations syndicales, le 23 octobre lors d’un CSE (comité social et économique) extraordinaire. Un dispositif alors présenté « comme un plan de transformation pour le bien de l’entreprise », relate Thierry Camusso. Avant de s’inquiéter : « Ils veulent tailler dans la masse salariale via cette GEPP. On ne sait pas encore dans quelles conditions. Tous les services peuvent être potentiellement impactés. » Les organisations syndicales sont donc dans l’expectative d’ici la prochaine réunion avec la direction, fixée au 15 novembre, afin d’affiner les contours de ce plan.

Sauf que, vendredi dernier, une rencontre au sommet avait lieu dans les locaux du journal, entre plusieurs membres de la direction et des élus du SNJ. « Nous sommes 610, nous visons un objectif de 550 », aurait affirmé Rodolphe Saadé, en direction du SNJ, selon un communiqué de ce dernier, diffusé samedi. De quoi provoquer une vive réaction du syndicat : « Il est inenvisageable que la rédaction soit massivement amputée, alors qu’elle commence à peine à mettre en œuvre le projet d’Aurélien Viers [Directeur de la rédaction Ndlr], approuvé par plus de 90 % des journalistes. »

Les CDD de la rédaction dans le viseur

En clair, la rédaction serait particulièrement visée. Et notamment les travailleurs en contrat de travail à durée déterminée (CDD) qui ont remplacé les nombreux départs de journalistes lors de la reprise du journal par la CMA CGM. « Ce qui est sûr, c’est que la direction a dit qu’ils ne renouvelleront pas l’ensemble des CDD qui remplacent les journalistes partis avec la clause de cession », explique Thierry Camusso.

Rappelons que plus d’une soixantaine de journalistes avaient quitté La Provence après le rachat par la CMA CGM, l’année dernière, grâce à la clause de cession. Un dispositif qui permet à un journaliste de partir en cas de changement d’actionnaires de son média. « Nous avons demandé à l’actionnaire de ne pas céder à la facilité en supprimant des postes de CDD aux seules fins de réduire la masse salariale », relatent les élus du SNJ. « On craint aussi des suppressions chez les administratifs », abonde Thierry Camusso. Contactée, la CMA CGM nous répond la même chose qu’à nos confrères de la Lettre A : « Le plan de transformation en cours au sein de La Provence (nouveau journal, nouveau site, web first, marketing digital, renforcement de l’événementiel…) nécessite de réfléchir à la fois à la meilleure organisation et à l’évolution des compétences nécessaires, dans les différents métiers de l’entreprise. » Il n’est pas donc pas encore officiellement question de suppressions de postes.

Saadé : « Aucun problème à discuter le plan »

En interne, c’est plutôt la question économique qui est utilisée comme justification de ce plan. « Une entreprise saine ne peut pas continuer à perdre 10 millions d’euros chaque année », aurait lancé Rodolphe Saadé au SNJ. Notons tout de même que la CMA CGM n’est pas vraiment en mauvaise santé financière. Elle se targue d’un bénéfice net de 1,3 milliard de dollars au deuxième trimestre 2023 uniquement…

Reste à savoir qu’elle sera l’opposition, ou pas, des syndicats. « La CGT reste méfiante et vigilante », répond Thierry Camusso, attendant de voir « quelle marge de manœuvre est possible » pour de potentielles négociations. Et pour cause : « Je n’ai aucun problème à discuter le plan, […] maintenant, j’aimerais bien qu’on entre dans le détail. », aurait assuré Rodolphe Saadé au SNJ, qui espère avoir infléchi la position de la direction.

 

Lire : La Marseillaise du 31 octobre

 

Jean-Philippe Behr

Nos partenaires

Demande d’adhésion à la CCFI

Archives

Connexion

Vous n'êtes pas connecté.

Demande d’adhésion à la CCFI