Dans nos sociétés qui prônent le libre-échange, la traduction automatique est une des ambitions internationales à l’établissement d’une nouvelle Babel. Cette technique soulève des interrogations éthiques et économiques, car elle est liée à l’Intelligence artificielle, mais concilier l’humain et l’informatique a toujours fait frémir tout en inspirant largement. L’attrait autour de cette question augmente et nourrit des polémiques, notamment dans les professions liées aux langues. Alors, la traduction automatique au sein de l’édition, ça donne quoi ?
La technologie d’abord au service de la politique
La Traduction automatique (TA) est un logiciel capable de traduire des mots, phrases ou textes d’une langue source (LS) à une langue cible (LC) à l’aide de l’Intelligence Artificielle (IA). Aujourd’hui, on peut utiliser la TA sur des sites gratuits, du moment où on a accès à internet. On peut aussi se servir de logiciels de Traduction Assistée par Ordinateur (TAO), qui eux utilisent des systèmes de mémoire sans IA. Le succès de cet outil, encore à ses balbutiements, n’a pourtant pas été évident lorsqu’il a été créé par Georges Artsrouni.
Il est l’inventeur des trois premières machines de traduction créées entre 1932 et 1937. Ces appareils étaient mécaniques et fonctionnaient grâce à une « mémoire » entièrement dispensée par l’homme sur des bobines de carton sur lesquelles il notait les mots dans les langues cibles choisies.
Ces dispositifs sont le point de départ des recherches d’A.D. Booth qui veut les perfectionner en y ajoutant le principe de la calculatrice numérique. Son initiative se concrétise en 1954 avec l’expérience Georgetown-IBM lorsque leur machine traduit plus de quarante phrases de l’anglais au russe. Cette réussite encourage l’engagement de grands investisseurs, comme le gouvernement américain. L’US Air Force et la NASA s’allient avec la première entreprise spécialisée dans la traduction automatique, SYSTRAN, fondée en 1968. Leur objectif est de dépasser les frontières linguistiques dans le contexte de la Guerre en créant un logiciel de traduction du russe vers l’anglais.
Un intérêt d’abord politique bien qu’il s’élargisse à des domaines plus pratiques comme celui de la météo avec le projet canadien TAUM-Météo. D’autres sociétés se sont établies depuis et des pays s’engagent dans ces recherches, comme la France depuis 1959 avec l’aide du CNRS, dans l’espoir de diversifier les utilisations de cette technique…