La création d’une telle instance fait débat depuis des années. Un de ses objectifs est notamment de répondre à l’énorme défiance envers les médias.
Des représentants de la presse française, journalistes et citoyens vont fonder, le 2 décembre, à Paris le Conseil de déontologie journalistique et de médiation (CDJM). Cette instance, qui fait débat depuis des années, vise à répondre à l’énorme défiance envers les médias.
La date de l’« assemblée générale fondatrice » de ce nouvel organisme a été annoncée par l’Observatoire de la déontologie de l’information (ODI), association qui travaille à la mise en place de cette instance avec des organisations syndicales, représentants des médias et membres du public.
Il s’agira, selon l’ODI, d’un « organe professionnel d’autorégulation, indépendant de l’Etat ». Il servira en particulier d’« instance de médiation et d’arbitrage entre les médias, les rédactions et leurs publics », et constituera en outre un espace « de réflexion et de concertation pour les professionnels et de pédagogie envers les publics », par exemple en matière de lutte contre les fausses informations.
En revanche, il ne s’agira pas d’un « ordre des journalistes, un tribunal de la pensée ou une instance de censure », ni d’« une instance étatique ou administrative », promettent les partisans de ce conseil, parmi lesquels figurent des syndicats de journalistes dont le SNJ, des collectifs comme Informer n’est pas un délit, Profession : Pigiste ou la Fédération française des agences de presse.
Epouvantail du paysage médiatique français
Le CDJM pourra ainsi être saisi par le public ou s’autosaisir de cas problématiques, mais ne pourra pas prononcer de sanction et se contentera d’émettre des avis.
Vieille promesse et longtemps épouvantail du paysage médiatique français, la création d’une telle instance avait été proposée à plusieurs reprises, mais enterrée en raison de fortes dissensions dans la profession, certains y voyant une tentative de mettre au pas la presse.
Mais alors que le mouvement des « gilets jaunes » a porté la défiance du public envers les médias à de nouveaux sommets, un rapport commandé par le ministère de la culture à Emmanuel Hoog, ex-PDG de l’Institut national de l’audiovisuel (INA) et de l’Agence France-Presse (AFP), a relancé cette idée. De tels conseils existent déjà dans la grande majorité des pays européens.
En juin, des déclarations du secrétaire d’Etat au numérique, Cédric O, en faveur d’un « conseil de l’ordre des journalistes » avaient cependant déclenché un tollé dans la profession. Mais il avait ensuite affirmé avoir eu des « paroles malheureuses » et reconnu que l’Etat n’avait pas à se mêler de déontologie journalistique.
Lire : Le Monde du 25 novembre