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Un an après son rachat, turbulence sociale et licenciements chez Konbini

La Société des journalistes du pure player a révélé le licenciement de 8 salariés et dénonce « un climat social anxiogène ». Konbini a été racheté en février 2024 par DC Company, propriétaire du Gorafi.

Le ciel s’obscurcit pour Konbini. Un quart de la rédaction du média en ligne très prisé par les 15-35 ans va être licencié, selon un communiqué publié le 9 décembre par la Société des journalistes (SDJ) du média. Ce plan de licenciement économique collectif intervient moins d’un an après le rachat de Konbini par DC Company, le propriétaire du site satirique Le Gorafi et du média féminin Herstory (ex-Les Eclaireuses) pour un montant non communiqué.

Le groupe, dirigé par Geoffrey La Rocca, ancien journaliste et directeur général de l’adtech Teads, avait repris 100 % du capital du média vidéo aux 30 millions d’utilisateurs mensuels. Konbini était détenu jusque-là par la famille Perrodo, propriétaire de la compagnie pétrolière Perenco. Au moment du rachat, Geoffrey La Rocca, devenu directeur général de Konbini, s’était pourtant engagé « sur la non-réduction des effectifs » du pure player, selon « Challenges ».

« Climat social anxiogène »

Dans un communiqué, la SDJ de Konbini dénonce « une saignée sans précédent » avec le licenciement de 8 salariés de la rédaction (7 journalistes et 1 traffic manager). Des départs qui s’ajoutent à celui de 4 journalistes à la suite d’une clause de cession, qui n’avaient pas été remplacés. « Huit mois plus tard, le vent a tourné et les promesses se sont envolées », regrette la Société des journalistes, qui dénonce « un climat social anxiogène ». Elle évoque également « des surcharges de travail » avec la réduction des effectifs, « laissant courir d’importants risques psychosociaux ».

S’il confirme les licenciements évoqués dans le communiqué, Geoffrey La Rocca conteste qu’il s’agisse d’un « quart de la rédaction » : « Nous sommes près de 80 au total sur la partie création de contenus », indique-t-il aux « Echos ». Un chiffre qui inclue notamment les cadreurs monteurs. Selon le dirigeant, ces licenciements concernent « des personnes qui travaillaient sur le site Internet », dont le trafic a baissé de 50 % depuis 2022, entraînant une baisse de revenus.

Recentraliser les efforts

« Début 2024, nous n’étions pas sur ces baisses », explique Geoffrey La Rocca, qui précise vouloir « rationaliser et recentraliser les efforts sur des formats plus performants comme les contenus pour les réseaux sociaux ». Depuis février, 5 millions d’euros d’économies ont été faites. « On ne demande pas de faire plus avec moins de personnes, on adapte la capacité de production de contenus à l’équipe », ajoute-t-il.

Du côté de la rédaction, on redoute à terme une fermeture totale du site. « Je me suis complètement recentrée sur la vidéo, ce n’est pas quelque chose qu’on nous demande directement, mais j’ai compris que le futur était là-bas », explique une journaliste, qui ajoute néanmoins « que parmi les licenciés, il y avait des personnes qui faisaient beaucoup de vidéos ». Elle explique aussi avoir été « déçue mais pas choquée » de l’annonce des licenciements.

« Cela fait un moment que les journalistes ont peur et qu’on parle d’une morosité ambiante », raconte cette même source, qui évoque des coupes budgétaires, notamment pour les piges et les déplacements. Le CSE a également commandé une expertise sur les risques psychosociaux, dont les résultats doivent encore être restitués.

En parallèle, DC Company, créé en 2021, maintient son ambition d’étendre son portefeuille de marques. « Les Echos » révélaient en octobre que le groupe de médias était entré en négociations exclusives avec TF1 pour racheter le site My Little Paris, qui cumule les casquettes de média, agence créative d’événements et de commerce en ligne.

Lire : Les Echos du 11 janvier

Jean-Philippe Behr

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