Qui veut voyager loin… Côté français comme étranger, la production baisse encore et s’illustre par des choix réfléchis. Conséquence de la concentration éditoriale, les transferts rythment la programmation. Misant sur les talents prometteurs et les écrivains confirmés comme sur les primo-romanciers, les éditeurs cherchent surtout à se tailler une place en librairie alors que les ventes, elles aussi, connaissent une baisse.
C’est un jeu dangereux, on le sait. À la rentrée littéraire, la concurrence féroce entre maisons d’édition – et auteurs -, toutes avides de grands prix, rend l’expérience vertigineuse. Cette année toutefois, une pression supplémentaire arrive côté librairies, où les ventes de fiction en grand format sont en berne. Le phénomène n’est pas récent mais s’accentue ; s’explique-t-il seulement par l’inflation ? De l’avis général, le lectorat peine à se renouveler à une période où la non-fiction tire son épingle du jeu. « Cette situation mérite une réflexion collective, alerte Hugues Jallon, patron du Seuil. Il faut qu’on s’interroge sur la période d’incertitude que traverse ce rayon et qu’on essaye de changer la donne. » Pas question donc de publier plus à la rentrée. Les éditeurs poursuivent leur cure d’austérité et resserrent encore leurs programmes. La production globale, historiquement maigre l’an dernier, baisse encore de 5 % et s’établit à 473 romans français et étrangers à paraître entre août et octobre, selon nos données Livres Hebdo/Électre Data Services. Parmi les 328 romans français, nous décomptons seulement 74 premiers romans, un record depuis 2012 ! Côté étranger, la rentrée est stable avec 145 romans…