Le challenger du groupe La Poste fait face à l’effondrement du marché des tracts et catalogues adressés sans discernement dans les boîtes à lettres. Il va supprimer 3.500 postes et recentrer ses activités sur la distribution de courrier adressé.
Milee va arrêter la distribution de prospectus publicitaires dans les boîtes aux lettres. Réunis en CSE extraordinaire ce mardi, les 10.500 employés du groupe ont appris la fermeture définitive de l’activité le 19 août prochain et la mise en place d’un plan de sauvegarde de l’emploi pour 3.500 distributeurs, chauffeurs et managers liés à l’activité. « Le marché disparaît. Il s’éteindra l’an prochain avec l’extension du dispositif Oui Pub à tout le pays. Nous devons anticiper cette échéance et restructurer l’entreprise en profondeur », justifie le président du groupe Hopps, Eric Paumier, dont Milee est une des branches.
Après Mediaposte, son concurrent historique absorbé en février par sa maison mère La Poste, le deuxième opérateur de communication locale plurimédia jette à son tour l’éponge devant l’accumulation des mauvaises nouvelles sur le marché des imprimés publicitaires. Le mouvement des « gilets jaunes », un an et demi après la reprise d’Adrexo (devenu Milee) par Hopps, avait réduit de 15 % son chiffre d’affaires. Depuis, la crise sanitaire, l’inflation, la pression écologique et la bascule des investissements des annonceurs vers le digital ont durement compromis l’avenir du secteur : en six ans, le marché a perdu près de la moitié de sa valeur, passant de 450 millions d’euros en 2022 à moins de 300 millions l’an passé, dont 130 réalisés par Milee.
« Rebond rapide »
La pyramide des âges très particulière de cet opérateur joue à son avantage. Sur 3.500 suppressions de postes, la moitié va concerner des distributeurs seniors, de 70 ans et plus (ils sont 2.700 dans l’entreprise), qui arrondissent leur retraite avec un revenu moyen de 500 euros net. Un millier d’autres employés sont concernés par la fermeture de 76 agences du réseau Milee (sur 250). Le solde concernera 360 chauffeurs de la filiale Last Smile Partner, spécialisé dans la livraison de colis.
Enfin, environ 200 postes d’encadrement et de fonctions support seront concernés. Le PSE prévoit l’ouverture de 700 postes de reclassement et la négociation de congés de reconversion dont les contours et le montant doivent être négociés avec les six organisations syndicales du groupe, CAT (Confédération autonome du travail) en tête.
Avec 7.500 emplois aux termes de ce plan, les dirigeants de Milee espèrent « un rebond rapide ». « Nous allons concentrer nos process et actions sur les métiers de la distribution à l’adresse », détaille Eric Paumier. L’activité représente aujourd’hui 30 millions d’euros de chiffre d’affaires dans le bilan du groupe. Avec une offre plus technologique et mieux-disante que La Poste auprès des spécialistes du marketing direct, des banques, assurances, institutionnels et médias, le patron table sur plus de 130 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2025, et 200 l’année suivante.
Le marché est colossal – environ 2,5 milliards d’euros en France – et Milee y a préparé son offensive en équipant ses distributeurs d’assistants numériques personnels (PDA) pour 2 millions d’euros d’investissement en septembre. « Avec cet outil d’optimisation de tournées, la productivité est accrue de 20 % pour un tarif inférieur de 5 % à 15 % par rapport à notre concurrent », défend Eric Paumier.