Direction et partenaires sociaux ont entamé depuis plusieurs mois des prénégociations en vue d’un plan qui pourrait aboutir en mars à la suppression d’une centaine de postes sur un effectif de près de 600 salariés. La direction évoque une contrainte de maintien de compétitivité.
« Un plan social d’une violence inédite », c’est le titre du communiqué commun SNJ, SNJ-CGT, CFDT, Filpac-CGT et CFE-CGT aux salariés de « La Voix du Nord », diffusé lundi à l’issue d’une quatrième réunion de « prénégociations » avec la direction. Celles-ci ont démarré il y a plusieurs semaines entre les partenaires sociaux et la direction du quotidien régional détenu par le groupe de presse belge Rossel.
Lors de cette réunion, « les grandes lignes du plan social se sont précisées », indique ce communiqué, avec en prévision une centaine de suppressions de postes – sur un effectif de 598 salariés – dont 70 chez les journalistes et la moitié des assistantes. L’intersyndicale parle d’« une véritable saignée », d’un projet sans commune mesure avec le plan de 2017. Un PSE avait alors abouti à 132 suppressions de postes – contre 178 annoncées au départ – sur un effectif de 710 personnes.
Peut-être des départs contraints
Cette fois, des départs contraints ne sont pas exclus et des fermetures de services comme le prémédia et la centrale de réservation, dans les services publicitaires, sont évoquées, ainsi que d’une partie des services généraux. Quasiment tous les services de la rédaction sont concernés. Il y aurait également une réorganisation des locales de 17 à 13 éditions « avec des regroupements d’éditions qui n’ont aucun sens », selon une source syndicale.
La direction souhaite externaliser une partie des tâches de la rédaction réalisées en locale avec la création d’une « agence de presse », véritable point de blocage pour l’intersyndicale. Tout comme la suppression du bureau de Calais au profit d’une mutualisation avec « Nord Littoral », autre journal du groupe Rossel.
Interrogé par les « Echos », Michel Nozière, PDG de La Voix du Nord, a confirmé que le projet, qui sera présenté en CSE le 13 décembre prochain, porte sur la suppression d’une centaine de postes sur un effectif, a-t-il corrigé, de 660 personnes. Il a confirmé la plupart des éléments révélés par l’intersyndicale, avançant pour justifier ce plan qu’il s’inscrivait dans « un contexte de maintien de la compétitivité ».
Ambiance intenable
La crise économique, la hausse du coût de l’énergie, comme celle du papier – dont le prix a doublé en un an – sont autant d’éléments explicatifs. Selon nos informations, lors de l’assemblée générale de juin dernier, pour la publication des résultats annuels, Michel Nozière aurait annoncé que si 2021 avait été une bonne année, 2022 risquait d’être juste à l’équilibre et 2023 très mauvaise.
Les rumeurs bruissaient depuis des semaines dans les couloirs de « La Voix du Nord » sur ces prénégociations pour lesquelles les syndicats avaient consigne de ne rien divulguer. Mais l’ambiance était devenue tellement « intenable » pour tout le monde, selon une autre source, que les représentants syndicaux ont finalement publié lundi un communiqué commun à l’attention de tous les salariés.
« La Voix du Nord » affichait au 31 décembre dernier un chiffre d’affaires de 118,67 millions d’euros contre 113,18 en 2020, et un résultat d’exploitation de 9 millions contre 5,4 en 2020. La moyenne de ses ventes est de 117.000 exemplaires quotidiennement.
Lire : Les Echos du 9 novembre