A coup de chiffres, on se bat pour savoir quel livre primé par le Goncourt s’est le plus vendu. Mais quelle est la réalité des chiffres?
Ceux qui ont connu le XXe siècle et qui ont lu en février l’information largement reprise affirmant que le Goncourt d’Hervé Le Tellier est le deuxième volume le plus vendu de l’histoire du prix, derrière L’amant de Marguerite Duras, ont dû tomber de leur chaise et ressentir cette étrange impression de vivre dans un monde sans mémoire. Car de quoi parlons-nous ? Des seules ventes en grand format dans les mois qui suivent la proclamation des prix ? Des ventes toutes éditions confondues ? En France ou dans le monde ? Quelles que soient les mesures adoptées, L’anomalie ne peut être, quelques mois seulement après sa sortie, le deuxième plus gros Goncourt de tous les temps. Si l’on s’en tient aux seules ventes du grand format, le match se joue sans doute entre L’épervier de Maheux, de Jean Carrière, donné en 1972 chez Jean-Jacques Pauvert, et L’amant de Marguerite Duras publié chez Minuit en 1984. Dans le premier cas, la maison a estimé à 1,7 million le nombre d’unités produites, dans le second à un peu plus d’1,6 million d’exemplaires facturés. Même si ces chiffres sont quelque peu gonflés – invérifiables par définition – il ne fait aucun doute que ces volumes se sont bien plus vendus, à ce jour, que L’anomalie. Si à cela s’ajoutent les autres éditions, en France comme à l’étranger, alors Proust et Malraux, sans doute, remportent le match haut la main. Et peut-être même d’autres titres comme ceux de Julien Gracq, Simone de Beauvoir ou Romain Gary…