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Prisa pourrait céder El País

Un propriétaire d’un groupe de radio propose 200 millions d’euros pour le rachat du quotidien « El País » et de tout le pôle média du groupe Prisa.

 

Le journal « El País » va-t-il changer de mains et quitter le groupe Prisa ? Le grand quotidien espagnol a reçu une offre pilotée par le propriétaire d’un groupe de radios, Blas Herrero, discret entrepreneur des Asturies. Il propose 200 millions d’euros pour l’acquisition de la branche média du groupe Prisa, dont la pièce maîtresse est « El País », mais qui comporte aussi la très puissante radio généraliste Cadena SER, le journal sportif « AS », ainsi que plusieurs radios musicales.

 

L’action de Prisa a été suspendue, jeudi matin à la Bourse de Madrid, alors que la direction du groupe signalait par communiqué son intention d’étudier cette offre non sollicitée. Le projet de Blas Herrero, acteur de second plan du monde des médias ibérique, a été préparé avec le soutien d’un groupe d’investisseurs espagnols. La proposition porte sur 100 % des activités de presse et radio de Prisa.

 

Elle ne concernerait pas le groupe dans son ensemble mais elle pourrait être éventuellement ouverte à ses actuels actionnaires, parmi lesquels principalement Amber Capital (29,84 %), Telefónica (9,44 %) ainsi que la famille Polanco (7,61 %), héritière de l’un des fondateurs, le fonds qatari Al Thani (5,14 %), le mexicain Carlos Slim Helú (4,3 %) et encore les banques HSBC (9,11 %) et Santander (4,1 %), devenues actionnaires après avoir échangé de la dette contre des titres.

Démantèlement de l’empire Prisa

 

Cette proposition d’achat du pôle médias arrive au moment où la direction de Prisa est en train de démanteler ce qui reste encore du grand empire médiatique qui avait dominé l’Espagne au début des années 2000. Le groupe, qui a été pris dans une spirale d’erreurs d’investissements, en matière d’audiovisuel notamment, lutte depuis presque quinze ans pour essayer de refinancer sa dette.

 

Il s’est séparé ces derniers mois de ses activités au Portugal et plus récemment de la branche Espagne des éditions Santillana. L’offre tombe à pic pour certains des actionnaires de Prisa, qui pourraient profiter de l’occasion pour sortir – comme Telefónica, notamment.

 

Selon les informations qui filtraient jeudi, cette proposition d’achat pourrait aussi aller dans le sens de l’homme fort d’Amber Capital, Joseph Oughourlian. Ce dernier entretient des relations tendues avec « El País » et pourrait être pressé de se séparer du journal. En 2017, il avait poussé vers la sortie de façon fracassante le grand homme du groupe, Juan Luis Cebrián , en conspuant une gestion qualifiée de « néfaste ». Il mise maintenant sur la séparation des actifs de Prisa pour essayer de mieux valoriser les branches plus lucratives, notamment son pôle éducation en Amérique latine, et recouvrer au moins une partie de sa mise.

 

Les titres du groupe ont perdu 50 % de leur valeur depuis le début de l’année et la branche média accuse durement les contrecoups de la pandémie, avec une baisse généralisée de ses recettes. Elle affiche un chiffre d’affaires de 241 millions sur les neuf premiers mois de l’année, en chute de 31 %, dont 127,5 millions proviennent des activités radio (-37,6 %) et 113,5 millions de la presse (-26 %).

 

Lire : Les Echos du 19 novembre

 

Jean-Philippe Behr

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