La presse quotidienne régionale et départementale (PQR) est lue chaque mois par 43 millions de personnes, soit les deux tiers de la population française. Mais, confrontée à l’érosion de ses ventes, elle doit se transformer.
Un rapport sénatorial de juillet 2022 sur la presse quotidienne régionale (PQR) dresse un état des lieux de la PQR en France et avance des pistes pour remédier à la crise qu’elle traverse depuis 2010.
Des modèles économiques variés
La PQR maille l’ensemble du territoire français et s’est constituée peu à peu en monopoles régionaux. Ses 51 titres se déclinent en 91 versions locales. Son modèle économique repose sur :
- la vente de journaux qui représente 68% des revenus des huit groupes de PQR ;
- la publicité (24%) ;
- la diversification (5%) avec certains titres qui développent une politique événementielle de grande ampleur consolidant leur assise économique.
Par ailleurs, des titres de presse locale intégralement en ligne sont apparus ces dernières années, comme Marsactu dans les Bouches-du-Rhône. Leur modèle économique reste incertain.
Entre 2010 et 2021, la diffusion papier de la PQR a baissé de 37%, et celle de la PQN (presse quotidienne nationale) de 75%. Mais la PQR affiche un fort retard sur la PQN en matière de numérisation malgré des efforts récents. En 2021, les ventes d’exemplaires numériques ont représenté 13% du chiffre d’affaires pour la PQR et 61% pour la PQN.
Un secteur fragilisé
La PQR a subi un triple choc ces dernières années :
- l’essor des plateformes numériques qui a tari ses revenus et son lectorat. Le modèle économique de la presse repose sur un équilibre entre les ventes et la publicité, deux ressources menacées. Les canaux de vente traditionnels souffrent et les recettes publicitaires de la presse ont été divisées par trois depuis 2006 et par deux depuis 2012 à cause de la concurrence des entreprises numériques ;
- la forte hausse des coûts de production. L’économie de la presse imprimée repose sur des coûts fixes élevés. Face à un marché en baisse forte et régulière, ces coûts augmentent rapidement. La PQR doit adapter son outil industriel, en cours d’évolution avec la mise en œuvre du plan 2020-2025 destiné à moderniser les imprimeries. De plus, le prix du papier explose depuis début 2021, induisant des coûts supplémentaires ;
- la pandémie de Covid-19 qui a accéléré l’érosion des ventes.
Favoriser la mutation de la PQR
La PQR doit à la fois :
- préserver un marché de la vente « papier » auquel beaucoup de lecteurs sont attachés mais dont les coûts de fabrication et de diffusion s’accroissent ;
- investir massivement dans le numérique pour répondre aux nouvelles attentes de son lectorat, ce qui nécessite de lourds investissements.
Vu l’importance de la PQR pour la démocratie et la vie locale, elle doit être accompagnée par l’État dans sa mutation. Le rapport recommande ainsi :
- d’accélérer la transition digitale de la PQR en renforçant l’aide du Fonds stratégique pour le développement de la presse (FSDP) ;
- d’encourager la création de lieux de vente dans les zones « blanches » et d’inclure dans le pass Culture les abonnements à la presse papier ;
- de compenser la hausse des coûts de production pour les titres les plus en difficulté et de rebâtir une filière papetière nationale via le plan France Relance.
Lire : Vie Publique du 29 juillet
Télécharger : le rapport (52 pages)
Télécharger : la synthèse du rapport (8 pages)