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Presque la moitié des heures travaillées peuvent être automatisées par l’IA

McKinsey estime que d’ici à 2035, 45 % des heures de travail pourraient être remplacées par de l’intelligence artificielle générative. Pour faire de cette révolution un avantage plus qu’une menace, les entreprises européennes vont devoir se réinventer et investir dans la formation.

L’intelligence artificielle (IA) ne va peut-être pas nous tuer. Mais ce qui est sûr, c’est qu’elle va obliger entreprises comme salariés à se réinventer. Une réinvention à la fois profonde et rapide qui pourrait soulever quelques problèmes que les groupes devraient chercher à résoudre dès maintenant s’ils ne veulent pas que cette période de transition potentiellement bénéfique ne soit pas aussi et avant tout douloureuse.

Les conclusions du dernier rapport du McKinsey Global Institute (« Un nouveau futur pour le travail : la course pour déployer l’IA et monter en compétences en Europe et au-delà ») sont sans appel : d’ici à 2030, selon un scénario dit « moyen », ce sont 27 % des heures travaillées en Europe qui pourraient être automatisées en s’appuyant sur les technologies d’IA génératives. On monterait même à 45 % d’ici à 2035.

Une révolution d’une telle ampleur impactera tous les travailleurs européens, mais pour 12 millions d’entre eux l’impact sera tel qu’ils seront contraints d’occuper de nouvelles fonctions. C’est donc près de 6,5 % de la population active européenne qui, d’ici à 2030, va devoir se former pour ne pas être la victime collatérale de la montée en puissance de l’IA.

Une révolution « plus douce »

La bonne nouvelle est que pendant le Covid l’Europe a réussi à faire « bouger » 1,2 % de sa base de salariés chaque année. « Mais cela a été douloureux pour certains et il faut aujourd’hui se préparer pour que la révolution à venir soit plus douce », fait valoir Eric Hazan, directeur associé senior et coordinateur de l’étude au sein du cabinet de conseil.

L’autre bonne nouvelle est que ce basculement dans un monde dopé à l’IA pourrait aussi représenter une bonne occasion en matière de productivité. En particulier en Europe, où les gains de productivité au cours des décennies passées se sont révélés beaucoup plus faibles qu’aux Etats-Unis.

L’automatisation de multiples tâches pourrait en prime permettre à un Vieux Continent qui manque sur de nombreux fronts de main-d’oeuvre de surmonter les goulots d’étranglements sur le marché de l’emploi. « Le nombre d’emplois non pourvus en Europe a été multiplié par trois entre 2012 et 2023 », souligne Eric Hazan, qui estime à 5 millions le nombre de postes qui restent « ouverts ».

Pour prendre ce grand virage qui impactera différemment les pays et les secteurs économiques, comme le détaille l’étude de McKinsey, les entreprises vont devoir repenser leur organisation mais aussi investir dans la formation. Dans un monde anglo-saxon moins contraint par le cadre social, certains pourraient faire le choix de licencier puis de réembaucher à large échelle ou de passer par beaucoup plus de travailleurs contractuels.

En Europe, la clé passera davantage par la capacité à faire monter en compétences des salariés existants. Tout en sachant que la pression sera beaucoup plus forte sur les salariés les moins qualifiés dans les fonctions de production, administratives ou commerciales. « Si l’Europe ne se met pas à investir plus dans la technologie et la formation, elle aura à la fois moins de croissance et potentiellement plus de problèmes sociaux », remarque Eric Hazan. « Le sujet est structurel plus que cyclique », met en garde McKinsey, qui prévient que l’Europe doit bouger et vite si elle ne veut pas se trouver distancée.

 

Lire : Les Echos du 24 mai

 

Jean-Philippe Behr

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