Directeur général du Syndicat national de l’édition (SNE) de 2016 à 2023, le jeune retraité Pierre Dutilleul a précédemment été directeur délégué d’Editis, groupe au sein duquel il a effectué l’essentiel de sa carrière. Retour sur cette dernière dans une longue interview sollicitée par Livres Hebdo. Première partie : les années Editis.
Livres Hebdo : Comment avez-vous commencé dans l’édition ?
Pierre Dutilleul : J’ai suivi des études de gestion à Dauphine, dont je suis sorti en 1974. Et en même temps, j’étais passionné de radio. J’ai commencé à Europe 1, puis j’ai créé ma propre radio, qui fonctionne encore aujourd’hui. Une radio libre, associative, à Cergy-Pontoise. J’y ai tout fait : les magazines, des émissions de musique classique, de rock, le journal, la direction… À Cergy, il y a une école de commerce qui s’appelle l’ESSEC, et des barres d’immeubles parfois difficiles. Mon projet, qui a séduit les autorités locales et départementales, c’était de réunir les deux et de faire en sorte que ceux qui venaient des barres d’immeubles ne soient pas les techniciens, et ceux venant de l’ESSEC, les voix, mais qu’ils travaillent ensemble indifféremment. Ensuite, j’ai travaillé chez un éditeur de logiciels et de matériel informatique. Je voulais comprendre la comptabilité, la finance, l’informatique, comment m’en servir. Ça a été une plateforme d’apprentissage et de lancement.
Vous êtes donc arrivé dans l’édition après une première carrière assez dense…
Oui, en 1989, je suis entré au Groupe de la Cité, une filiale de CEP communication – elle-même filiale d’Havas – lancée par Christian Brégou. Il disposait d’une sorte d’empilement de maisons d’édition, dans tous les domaines : scolaire, référence, littérature… Mais il n’y avait aucune logique de groupe. Il m’a demandé de créer un langage commun de gestion pour toutes ces maisons. Que ce soit Larousse ou Plon, Bordas ou Nathan… Je lui avais répondu que ce qui m’intéressait, c’était l’édition. Il avait clos la conversation en disant : « Ça, c’est votre problème ; rêvez avec. Moi, voilà mon projet, c’est oui ou non. » Et j’ai dit oui…