À la tête des librairies Payot, en Suisse, Pascal Vandenberghe compte une quarantaine d’années de travail dans l’industrie du livre, aussi bien d’un côté que de l’autre des Alpes. Passé par la Fnac, à ses débuts, avant d’entrer dans l’édition, chez France Loisirs ou La Découverte, cet autodidacte s’en est retourné à ses premières amours : la librairie. Aujourd’hui, l’auteur de Cannibal lecteur publie un nouvel ouvrage, Le Funambule du livre (Ed. L’Aire) : une série d’entretiens portant sur une carrière pour le moins protéiforme.
Il est connu pour son franc-parler, mais plus encore pour ne pas renier ses convictions : libraires, certes, mais avant tout chef d’entreprise, et pas n’importe laquelle. Les librairies Payot représentent une véritable institution en Suisse romande, elles auront surmonté l’année 2020, en serrant les dents, mais finalement avec un résultat positif.
Pourtant, si les librairies continuent de vendre des livres de papier, à qui l’on avait, fut un temps, promis le désintérêt au profit de l’ebook, le métier a terriblement changé, constate Pascal Vandenberghe. « Comparer le métier tel qu’on le pratiquait voilà quarante ans et comme on le pratique aujourd’hui, c’est constater qu’il n’y a pas eu de grandes ruptures visibles. Mais pourtant, tout s’est énormément transformé : une accélération des choses, par les outils. Les bases de données nous privent d’une mémoire qu’il fallait avoir quand elles n’existaient pas, ou du moins n’étaient pas consultables si facilement. »
Car il fallait déjà répondre « aux demandes les plus biscornues des clients, comme aujourd’hui. Mais désormais, on voit des libraires plus derrière leur écran, et cela me gêne dans la relation que l’on a avec les lecteurs » . Mais en quelques décennies, les livres eux-mêmes ont changé : les grosses ventes profitent plus du marché, même si l’on compte plus de petits lecteurs…