L’industrie française du papier-carton continue de souffrir de tensions dans les papiers graphiques utilisés par la presse et l’édition, mais reste très soutenue dans l’emballage, grâce à l’explosion du commerce en ligne et au verdissement du secteur, selon les industriels du secteur. Dans les papiers à impression, « le terme de pénurie est excessif, nous avons des délais de livraison qui se sont agrandis, mais pas un manque complet de papier » a indiqué Paul-Antoine Lacour, délégué-général de la confédération française de l’industrie des papiers cartons et cellulose Copacel, lors d’un entretien avec l’AFP. Le secteur des papiers graphiques ne représente plus que 17% du total du papier produit en France : 1,19 million de tonnes en 2020 sur un total de 6,8 millions de tonnes sorti des machines à papier implantées en France l’an dernier, selon les chiffres 2020 publiés par Copacel. Le recul de la production de papier graphique, de 4 à 5% par an environ depuis le milieu des années 2000, est le même dans toute l’Europe. Il provient d’une réduction de capacité de production liée à l’accélération des changements d’usage : avènement des technologies électroniques mobiles, baisse du lectorat des journaux et de la publicité papier, et du papier de bureau lié au télétravail. Huit machines à papier ont ainsi fermé en Europe ces trois dernières années, la dernière étant celle de la Chapelle d’Arblay en France fermée par son propriétaire UPM en 2020, rappelle M. Lacour. « Les tensions actuelles dans l’approvisionnement viennent essentiellement de la reprise économique post-Covid et d’une augmentation de la publicité dans les quotidiens ou la distribution » a-t-il estimé. Selon lui, les délais de livraison « se sont multipliés par trois » environ en 2021. Plus globalement, dans le secteur papetier, l’année 2020, marquée par la crise sanitaire et les confinements, n’aura été bonne que pour les papiers d’hygiène, dont la production a augmenté de 1,8% à 832.000 tonnes en France contre 817.000 tonnes en 2019, note Copacel. Mais l’emballage qui représente plus de 60% de la production totale du secteur, s’est bien maintenu, à 4,42 millions de tonnes malgré les confinements et les perturbations de production l’an passé, contre 4,43 millions de tonnes en 2019. Et la tendance s’est poursuivie en 2021, avec aussi des tensions d’approvisionnement sur les cartons plats, de plus en plus utilisés dans l’emballage alimentaire en substitut au plastique.