La société derrière le célèbre ChatGPT n’a pas l’air de vouloir négocier des accords globaux avec les organisations représentant les médias. Les groupes de presse français se préparent à d’éventuelles poursuites.
Ce n’est visiblement pas le grand amour entre OpenAI et les médias. Et la relation pourrait encore se dégrader, alors que de probables poursuites commencent à être envisagées.
Le groupe californien derrière le célèbre ChatGPT n’a pas l’air de vouloir négocier avec les organisations représentant la presse quotidienne (Alliance pour la presse d’information générale – APIG) et la presse magazine (Syndicat des éditeurs de la presse magazine – SEPM).
Ces dernières, réunissant quelque 220 éditeurs et 800 titres, avaient adressé avant l’été une forme de mise en demeure à 25 groupes dont OpenAI, Google, Meta, Perplexity, Anthropic ou encore Mistral, pour réclamer l’ouverture de négociations en vue d’être rémunérées pour l’utilisation de leurs contenus. L’idée pour ces médias est de jouer groupés, afin d’obtenir dans le futur une sorte de licence légale, et donner accès aux publications de presse contre rémunération.
Fin de non-recevoir
Mais les groupes de presse se sont fait opposer une fin de non-recevoir, comme l’indique « La Lettre » . Dans un courrier rédigé par un de ses avocats, que « Les Echos » ont pu consulter, OpenAI estime « opérer et continuer d’opérer dans les limites légales applicables », en rappelant qu’il développe Media Manager, un outil qui permettra aux créateurs et aux propriétaires de contenus de spécifier la manière dont ils souhaitent que les oeuvres soient – ou pas – utilisées.
La société « ne pense pas que ses activités actuelles requièrent une licence », tout en se déclarant « ouverte » à des discussions futures. « On retrouve une situation que l’on connaît bien avec les Américains, à savoir des acteurs qui estiment qu’ils ne font rien de mal à utiliser nos contenus et ne se sentent pas concernés par ce qu’on leur explique », décrypte Pierre Louette, PDG du Groupe Les Echos-Le Parisien.
« On ira au contentieux »
Si les éditeurs ne parviennent pas à se faire entendre, la situation pourrait se durcir. Selon nos informations, ceux-ci effectuent un travail probatoire avec des experts pour voir si l’opt-out, c’est-à-dire la faculté de s’opposer à l’utilisation de leurs contenus, a bien été respecté par les sociétés d’IA. « On cherche à privilégier un accord mais faute d’accord, on ira au contentieux », prévient Pierre Louette.
Selon un bon connaisseur du sujet, le modèle, pour les sociétés d’IA, n’est pas de conclure des accords avec des organisations professionnelles – comme l’Alliance ou le SEPM – mais avec les groupes de presse eux-mêmes, puisque ce sont eux qui possèdent les contenus. « Ils ont tous intérêt à diviser pour mieux régner », fustige un spécialiste de la presse.
Des accords avec quelques groupes
La société californienne a d’ailleurs déjà passé plusieurs accords avec de grands groupes de médias comme Axel Springer , Prisa, le Financial Times, News Corp ( « Le Wall Street Journal » ) , récemment Condé Nast ou encore « Le Monde » en France . Or, le risque existe qu’il parvienne à signer quelques contrats phares, laissant de côté une grande partie de la presse.
« OpenAI ne va pas négocier avec tous les médias de chaque pays, résume ce bon connaisseur du sujet. Il n’est pas fermé à la discussion, mais l’objectif est de créer de la valeur, pas que tous les médias soient rémunérés. »
Contacté, OpenAI indique qu’il est « attaché à un écosystème florissant d’éditeurs et de créateurs. Nous avons signé un nombre limité d’accords avec des éditeurs et, au fur et à mesure de l’évolution de notre produit, nous évaluerons s’il est nécessaire de conclure d’autres accords commerciaux ». Il rappelle qu’il vient de lancer SearchGPT, un moteur de recherche permettant des liens.
Lire : Les Echos du 15 septembre