Après la grève, les journalistes du Progrès, mais aussi du Bien Public et du Journal de Saône-et-Loire, ont approuvé une motion de défiance contre la direction à 97 % des votants, selon les résultats annoncés ce lundi 18 décembre par les syndicats. Un geste fort.
Le quotidien Le Progrès fait face à un mouvement social lié à un plan d’économies. Il s’est accentué lundi soir, 18 décembre. Après deux journées de mobilisation, le 1ᵉʳ et le 11 décembre, une motion de défiance a été votée par les salariés. Dans le monde de la presse, c’est un acte fort empreint de symbole et dans l’histoire du quotidien régional Le Progrès, c’est une première. Les salariés dénoncent notamment la suppression de plusieurs postes au sein de leur rédaction.
Rupture avec la direction
La motion de défiance acte « une rupture profonde » entre les rédactions des trois titres du groupe Ebra et ses dirigeants. La motion de défiance vise le président d’Ebra, Philippe Carli, le directeur général des titres, Pierre Fanneau et le rédacteur en chef Xavier Antoyé. Elle a été approuvée par 97% des votants. Un résultat sans équivoque, et surtout le signe d’une profonde rupture en interne. « Une rupture profonde », a acté le Syndicat national des journalistes (SNJ), dans un communiqué diffusé dans la soirée de lundi.
« On est aujourd’hui à un tournant de notre histoire. La motion de défiance exprime l’absence totale de confiance par rapport à ces échecs répétés depuis 2007. Le bilan est une vraie souffrance pour les salariés, » explique le journaliste Patrick Gabai, membre du syndicat CFE-CGC.
Fin novembre, en comité social et économique extraordinaire (CSE), la direction avait annoncé des mesures d’économie pour l’ensemble des rédactions du Progrès, du Bien public et du Journal de Saône-et-Loire. Le plan concernait six postes journalistes au Progrès, deux au Journal de Saône-et-Loire et un au Bien Public. Onze postes devant en fait être supprimés, dont neuf journalistes, selon le SNJ. C’est une décision qui met en péril l’information locale, selon les journalistes.
« Dans le Rhône, il y a deux postes supprimés à Bron, un poste à Tassin, un poste à Villefranche-sur-Saône, » détaille Anne-Laure Wynar, membre du Syndicat National des Journalistes. « Pour nous, c’est toucher à l’ADN d’un journal de proximité. On ne comprend pas vers quoi on tend. Pour nous, c’était notre force d’être présent sur ces territoires où on est un peu les seuls à être présents », déplore-t-elle.
Ces suppressions de postes se feront « sans licenciements, en ne reconduisant pas des CDD », avait assuré fin novembre pour sa part Pierre Fanneau, le PDG responsable du Progrès, du Bien-Public et du Journal de Saône-et-Loire.
« Pédagogie », « responsabilités »
Dans cette motion de défiance, les syndicats réclament clairement un changement de gouvernance. « Ayez le courage de passer la main au lieu de jeter l’anathème sur des salariés qui ne font que répondre à votre vision inconstante », écrivent-ils dans une lettre ouverte. De son côté, la rédaction en chef avance l’argument de la « pédagogie ».
« On a tous confiance les uns dans les autres, on a tous confiance en nos équipes. Maintenant, je pense qu’il va falloir faire preuve aussi de plus de pédagogie, donner plus d’explications et plus d’accompagnement », insiste Xavier Antoyé, le rédacteur en chef. « Le souhait est de ne pas laisser une équipe seule face à notre projet, face à ces choix d’infos », ajoute-t-il.
Quant à la direction, elle assume ses choix. « C’est aussi de la responsabilité d’une direction générale à partir du moment où il faut faire des choses pour sauver l’entreprise, les mettre en œuvre, même si ça ne correspond pas aux souhaits d’une partie des salariés », explique Pierre Fanneau, Directeur général du Progrès, du Bien-Public et du Journal de Saône-et-Loire.
En l’absence d’annonces concrètes, les syndicats envisagent d’ores et déjà de durcir le mouvement et de manifester.
Outre Le Progrès, Vaucluse Matin, Le Dauphiné Libéré, Le Bien Public et le Journal de Saône-et-Loire, le groupe Ebra comprend également L’Alsace, Les Dernières nouvelles d’Alsace, L’Est Républicain, Le Républicain Lorrain et Vosges-Matin.