Après dix ans dans le rouge et trois changements de contrôle, l’éditeur de « Nice-Matin » et de « Var-Matin » renoue avec la rentabilité opérationnelle en 2022. Anatomie d’un retournement.
C’était le grand malade de la PQR, mais le groupe Nice-Matin voit le bout du tunnel. Après dix ans dans le rouge et trois changements de contrôle, l’éditeur de « Nice-Matin » et de « Var-Matin » renoue avec la rentabilité. Son PDG, Jean-Louis Pelé, ancien patron de « L’Equipe », entend bien poursuivre sur sa lancée malgré une flambée de l’inflation qui complique la donne pour toute la presse.
En 2022, le groupe devrait dégager entre 500.000 euros et 1 million en Ebitda (résultat brut d’exploitation) contre des pertes de 3 millions l’an dernier et 6 millions en 2020, dévoile Jean-Louis Pelé dans un entretien aux « Echos ». Si le résultat net reste encore négatif, c’est à cause de charges exceptionnelles liées au plan de départ réalisé en 2021 (7 millions de coûts étalés sur deux ans).
« Repartir sur le bon pied »
Pour le holding NJJ (Xavier Niel), qui a mis la main début 2020 sur ce groupe de presse présent sur deux départements et à Monaco, ce qui compte d’abord, c’est de dégager « un résultat d’exploitation positif hors coûts de restructuration », explique Jean-Louis Pelé. « En baissant les charges de manière substantielle, nous avons transformé l’entreprise pour repartir sur le bon pied. »
Objectif atteint en moins de deux ans par l’ ancien patron de « L’Equipe », arrivé aux manettes de Nice-Matin en mars 2021. Mais au-delà des ajustements côté coûts, ce retournement éclair tient aussi à la relance de certaines activités, notamment de la régie publicitaire (+1 million d’euros de revenus sur un an), du pôle événementiel et des diversifications (Tour du Var, « hubs business » pour entreprises, etc.). Résultat : des relais de croissance qui arrivent à plus que compenser l’érosion des ventes papier.
70 millions d’euros de revenus en 2022
Au total, le chiffre d’affaires en 2022 s’élève à environ 70 millions d’euros, contre 68 millions l’an dernier. En 2023, il devrait encore progresser à 72 millions grâce notamment à une nouvelle politique commerciale auprès des annonceurs.
Derrière la croissance côté pub, il y a aussi le lancement d’une agence d’influence avec une flopée de nano- et micro-influenceurs permettant de capter une clientèle de petits annonceurs (commerçants…). Proposé en complément d’achats publicitaires plus classiques, ce service est aussi un appât pour les gros annonceurs. De quoi susciter quelques inquiétudes au sein de la rédaction, certains craignant un « mélange des genres ». Mais Jean-Louis Pelé est catégorique : « Il n’y a aucun privilège d’accès à la rédaction. Nous sommes très vigilants quant à l’indépendance de la rédaction. »
Côté éditorial, de nombreuses nouveautés se préparent aussi : création de thématiques au sein du journal (et sur le Web), par exemple autour du pouvoir d’achat, lancement fin octobre d’un magazine gratuit ciblant les néo-retraités qui s’installent dans la région…
Diffusion en baisse
Sur le front de la diffusion, la bataille est néanmoins loin d’être gagnée. Jean-Louis Pelé espère contenir l’érosion des ventes papier à -2 % ou -3 % par an. Or, le groupe a subi un incident (désormais réglé) sur la mise en route d’un nouveau logiciel de gestion des abonnés papier qui a provoqué plus de 6.000 désabonnements à partir de l’été 2021. Selon l’ACPM, sur l’année 2021-2022 (de juillet à juin), la diffusion moyenne payée totale des titres du groupe Nice-Matin a reculé de 7,3 %, à environ 95.000 exemplaires (y compris 16.000 abonnés uniquement en ligne).
Jean-Louis Pelé vise 25.000 abonnés purement numériques à horizon 2025, avec notamment le lancement d’une nouvelle application mobile et la refonte du site. Jusque-là, le groupe avait trois sites Internet séparés, un handicap pour le référencement sur Google. Bientôt, il n’y en aura plus qu’un seul. Mais il donnera toujours accès aux éditions locales.
Lire : Les Echos du 19 octobre