Le sachet en papier devrait permettre de supprimer 20 tonnes de plastique.
Nestlé délaisse sa boîte iconique en plastique au profit d’un emballage issu de matières renouvelables.
Abandonner l’économie linéaire pour passer à l’économie circulaire : Nestlé, comme d’autres grandes marques, s’engage en faveur de l’environnement, ce qui n’est pas sans conséquences sur sa stratégie packaging. Le groupe suisse, qui a déjà fait plusieurs annonces sur ce sujet, veut privilégier les matériaux d’origines renouvelables au dépens des plastiques, issus du pétrole, et, lorsque cela n’est pas possible, favoriser le recyclage, la réutilisation et l’emploi de polymères issus de plantes… « à condition qu’elles ne soient pas destinées à l’alimentation, comme la canne à sucre et le maïs », précise Jean-Manuel Bluet, directeur du développement durable de Nestlé France. De poursuivre : « Nous voulons aussi supprimer les plastiques qui présentent un mauvais profil environnemental, comme le polychlorure de vinyle (PVC) et ceux qui ne se recyclent pas ou pas assez bien comme les complexes ».
Barrière à l’humidité
La boîte iconique de Nesquik va faire les frais de cet « aggiornamento ». Exit donc le contenant en polyéthlène haute densité (PEhd), operculé et « couverclé », et place à un sachet form-fill-seal (FFS) constitué de papier à 97%, les 3% restants étant représentés par un matériau barrière afin de protéger la poudre chocolatée de l’humidité. « Nos choix en matière d’environnement ne doivent pas et ne devront jamais compromettre la conservation. La qualité de nos produits et la sécurité des consommateurs sont deux points non négociables », assure Suzanne Manet, en charge de la division chocolats du groupe. D’un format de 168 g, le sachet sera produit et rempli dans une usine hongroise. Il aura fallu neuf mois à peine au géant suisse pour le développer. Nestlé en a profité pour rénover sa recette et changer la dénomination du produit en accolant la mention « All Natural » à la marque. « Le sucre raffiné a été remplacé par du sucre de canne, le cacao n’est pas traité, de plus, nous aidons les cultivateurs dans le cadre du programme Cocoa Plan », explique Suzanne Manet. L’occasion aussi de revoir le positionnement du produit qui, avec un coût unitaire de 1,89 euro, devient trois fois plus cher que le Nesquik en boîte.
Praticité
L’abandon du plastique au profit d’une solution en papier permettra, selon le groupe suisse, de réduire les impacts environnementaux. Le matériau – fourni par Mitsubishi – est issu de forêts gérées durablement suivant le programme Forest Stewardship Council (FSC) et peut être recyclé à 100% dans le cadre des filières actuelles de valorisation. C’est d’ailleurs pour cette raison que Nestlé a renoncé au zip qui aurait permis de refermer le sachet. « La jeune maman à qui nous nous adressons pourra introduire la poudre dans un conteneur réutilisable ou utiliser un clip », observe Suzanne Manet. Pour autant, de l’aveu même de Nestlé, sur le plan de la praticité, de la tenue, de la refermabilité justement, le sachet n’assure pas les mêmes prestations que la boîte en plastique. Sa visibilité sur un linéaire n’est pas la même non plus…. « Il faut parfois prendre des risques lorsque l’on fait des choix, surtout en matière d’environnement », argumente Suzanne Manet. D’ici à un an, le groupe souhaite commercialiser 200 tonnes de Nesquik « All Natural », soit l’équivalent de 200 000 boîtes de Nesquik classique en format 1 kg. À la clé : 20 tonnes de déchets en PEhd en moins.
Réaction des consommateurs
Le sachet Nesquik sera lancé en France, en Italie, en Espagne, en Allemagne et au Portugal en mars et avril. La boîte en PEhd ne disparaît pas, en tout cas dans l’immédiat, Nestlé voulant se donner le temps d’apprécier la réaction des consommateurs à ce changement de présentation. Mais la dynamique est bien là. A terme, le groupe aimerait bien se passer complètement du plastique dans le Nesquik.
Le géant de l’agroalimentaire a par ailleurs annoncé qu’il allait augmenter la part de plastique recyclé de 25% à 50% d’ici à 2025 dans les barquettes des charcuteries Herta. Même combat dans les boissons. Le polyéthylène recyclé (rPET) devrait monter à 35% dans les prochaines semaines, puis à 50% en 2020, dans le format 33 cl d’eau minérale Vittel. « Nous aimerions aller plus vite dans l’incorporation de résine recyclée, mais ce n’est pas simple. Dans le cas d’Herta, il faut composer avec la scellabilité de l’emballage. Et dans tous les cas de figure, il faut un accès économique viable à la matière régénérée », explique Jean-Manuel Bluet. Si l’emballage a son importance et demeure l’aspect le plus visible des pollutions, Nestlé reconnaît toutefois que les matières premières utilisées pour la fabrication des produits peuvent représenter jusqu’à 80% des impacts.
Nestlé emploie au niveau mondial 25 millions de tonnes de matières premières dont 5 millions de tonnes d’emballage. Le plastique représente, à lui seul, 1,5 million de tonnes. En France, qui constitue son troisième marché dans le monde, le Suisse met sur le marché 120 000 tonnes d’emballages par an. 75% de ce montant est composé aujourd’hui de matériaux recyclables. Le groupe ambitionne d’atteindre les 100% d’ici à 2025.
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