Après plus de 50 ans de carrière dans l’imprimerie, le Millavois Jean-Paul Maury prend sa retraite, début 2022. Retour sur celui qui a contribué à faire de l’entreprise familiale un grand groupe français.
Une page se tourne dans l’histoire de l’entreprise Maury Imprimeur. Son PDG, Jean-Paul Maury a décidé de passer le flambeau à son neveu après 53 ans de carrière à la tête de l’organisation millavoise. Celui qui avait repris l’affaire familiale en 1968 avec ses seize salariés laisse derrière lui un des plus importants groupes français de l’imprimerie avec un chiffre d’affaires estimé à 128 millions d’euros pour l’année 2021 et qui emploie 900 personnes.
Près de 700 tonnes de papier imprimées par jour
Il faut dire que l’entreprise a bien grandi. De la première usine à Millau, Maury Imprimeur est aujourd’hui présent sur six sites répartis dans toute la France comme à Malesherbes, dans le Loiret ou à Alençon en Normandie. Si les magazines représentent pratiquement 50 % de son activité – principalement des hebdomadaires tels que Courrier International, L’Express, Paris Match – le groupe s’est aussi spécialisé dans l’impression de livres, de catalogues promotionnels et de la documentation technique. « Nous imprimons 250 000 tonnes de papier par an, ce qui représente presque 700 tonnes par jour », explique Jean-Paul Maury.
À Millau, le site s’occupe surtout de la documentation technique, envoyée dans le monde entier. « On s’occupe des 25 000 hélicoptères d’Airbus Industries, mais aussi des Rafales de Dassault ou encore pour le groupe Peugeot-Citröen, tout ce qu’il y a dans les boîtes à gants pour indiquer comment sont faites les réparations, c’est imprimé dans l’usine de Millau », continue le PDG. Certains livres sont toutefois imprimés à la cité du gant mais à faible tirage. « Ce sont surtout des rééditions, qui ne dépassent pas 2 000 exemplaires, ça se fait sur Millau parce que ça correspond au même système de fabrication de la documentation technique, avec des machines faites pour des petits tirages », poursuit le Millavois. Le reste des 50 millions de livres imprimés annuellement (des livres de poche, des mangas) sont répartis sur les autres usines. Alors que le groupe avait perdu 14 % de ses revenus d’activité entre 2019 et 2020, notamment dû à l’arrêt de distribution des prospectus mais aussi à la fermeture des librairies, Jean-Paul Maury constate aujourd’hui « un regain pour l’intérêt de la lecture, on n’a jamais imprimé autant de livres, il n’y a jamais eu autant de ventes ».
Transmettre sa passion pour l’imprimerie
Parallèlement à ses activités d’imprimeur, Jean-Paul Maury a créé en 2019, avec l’association Artegraf, un musée de l’imprimerie. D’une surface de 6 000 m², ce bâtiment revient sur l’histoire de la machine inventée par Gutenberg et l’évolution de la presse. « L’idée est d’inciter les jeunes à trouver leur vocation soit dans le monde de la rédaction, soit dans le monde de la communication, soit dans le monde du graphisme ou encore dans des métiers mécaniques », insiste le mécène et président d’Artegraf. Une casquette qu’il gardera après sa retraite, « je vais aller plus souvent au musée, ce sera une occupation de mes vieux jours », sourit-il.
Maury Imprimeur restera familiale
Alors que des potentiels racheteurs s’étaient approchés de l’entreprise comme Riccobono Presse Investissement ou l’imprimerie Laballery, Jean-Paul Maury a choisi son neveu, Pierre-Antoine Laporte, pour lui succéder. Ce diplômé d’HEC prendra la relève de son oncle au cours du premier trimestre de l’année 2022. Une manière de pérenniser l’organisation mais aussi « une bonne solution pour notre personnel et nos clients, parce que c’est rassurant de savoir que ça reste dans un concept familial », insiste le futur retraité. Une nouvelle génération prendra donc la relève de ce groupe familial historique, créé à Millau en 1865.
Lire : Centre Presse Aveyron du 4 décembre