À la fois auteur, directeur artistique, chef de fabrication, l’écrivain fétichiste du livre a contrôlé le moindre détail d’édition de son nouveau roman, pour en faire un objet de désir. Sa propre « Pléiade » en quelque sorte. Coulisses d’une opération savamment menée.
Cet après-midi du 15 octobre, Michel Houellebecq est en retard et son public s’impatiente. Les représentants de Flammarion venus de toute la France essaient d’échanger leur billet de train sur leur smartphone. Pas question de rater la rock star de la littérature, il va falloir rentrer plus tard. Certains cachent dans leur poche un paquet de cigarettes qu’ils rêvent de voir autographié. D’autres ont apporté leur exemplaire de Soumission ou Sérotonine. Michel Houellebecq se trouve à ce moment-là dans un taxi, accompagné de son éditrice Teresa Cremisi. Pour sa présentation dans les locaux du 13e arrondissement de la maison d’édition, il s’est muni de son sac de courses Monoprix.
Soudain métamorphosé en chef de fabrication, l’écrivain de best-sellers est venu expliquer pourquoi il a souhaité faire imprimer son nouveau roman, tiré à 300 000 exemplaires, en une édition plus soignée et luxueuse que l’habituel broché. Enfin arrivé, il s’installe sur un fauteuil de cuir rouge, s’empare d’un micro et, sous le regard d’une centaine de personnes parmi lesquelles figure Antoine Gallimard, il brandit sans attendre la pochette immaculée de The White Album des Beatles…