La maison mère de Facebook va arrêter son onglet actualités dans ces deux pays dès le mois d’avril. Cela va entraîner un manque à gagner important pour les médias. Le gouvernement australien riposte.
L’onglet « Actualités » de Facebook ne sera bientôt plus qu’un souvenir. Dans un blog publié jeudi, Meta a annoncé sa décision de débrancher cette fonctionnalité dès le mois d’avril en Australie et aux Etats-Unis. La maison mère des réseaux sociaux Facebook et Instagram avait déjà décrété la fin de cette offre pour la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni.
Si les médias ou autorités américains n’avaient pas encore réagi en fin de semaine, une fronde s’est élevée en Australie, menée par Anthony Albanese, le Premier ministre du pays lui-même. Le gouvernement australien avait obtenu de haute lutte en 2021 de forcer Meta et Google à rémunérer les médias , dont les informations alimentent la conversation sur la Toile et sur les réseaux sociaux, ce qui génère des revenus publicitaires pour les grands portails du Net.
Droits voisins
Des contrats avaient été négociés en Australie et ailleurs, à la faveur de la mise en place de Facebook News. Celui-ci disparaissant, les médias australiens risquent de ne plus être rémunérés du tout. En Australie, il n’y a pas de législation de type droits voisins comme en France et en Europe. Facebook argue que ses membres s’intéressent peu à l’actualité, un argument que les éditeurs contestent en estimant que leurs infos irriguent bien au-delà de l’onglet spécifique Facebook News.
En attendant, le gouvernement australien veut porter l’affaire en justice et déclare « étudier [ses] options via le News Media Bargaining Code », adopté il y a quelques années. Il y a trois ans, pour essayer de faire entendre ses raisons, Meta était allé jusqu’à bloquer le partage des contenus des médias australiens.
Engagements non renouvelés
Selon le « Financial Times », les contrats avec Meta et Google rapportaient environ 130 millions de dollars américains par an aux médias australiens. Aux Etats-Unis, l’onglet « Actualités » de Facebook représentait plus de 100 millions de dollars de recettes pour les médias, et Meta avait passé des accords avec de nombreux médias comme le « Wall Street Journal » et CNN , à chaque fois pour plusieurs millions de dollars. Toujours selon le « FT », Google discuterait, lui, de renouveler ses contrats.
« A l’échelle de Meta, ces montants sont faibles, mais leur stratégie est d’être dans la chasse aux coûts permanente. Même si leurs profits sont colossaux, la rémunération des médias passe à la trappe », note un connaisseur.
Nouvelle législation au Canada
Confronté à l’arrivée d’une législation semblable au Canada, Meta a aussi « coupé » le contenu des médias locaux dans ce pays l’an dernier. Le géant américain fait par ailleurs l’objet de plusieurs plaintes en Europe concernant les distorsions de concurrence dans la publicité en ligne. Une coalition de plus de 80 médias espagnols lui réclame notamment plus de 550 millions d’euros.
De son côté, Meta insiste sur le fait que, dans les pays où Facebook News va s’arrêter, les utilisateurs du réseau social pourront continuer à y consulter des contenus d’information, mais qu’en même temps, l’an dernier, le nombre d’utilisateurs allant sur son onglet « Actualités » a chuté de 80 % en Australie et aux Etats-Unis.
Contenus d’information
Cette décision « fait partie de nos efforts en cours tendant à mieux aligner nos investissements sur nos produits et services qui ont le plus de valeur pour les gens », explique Meta. Toujours selon le groupe, ses utilisateurs « ne viennent pas sur Facebook pour les infos ou des contenus politiques » et les contenus d’information ne représentent que 3 % de ce que ses utilisateurs dans le monde entier voient sur les flux Facebook.
L’onglet Facebook News avait été lancé en 2019 par le géant américain et son arrivée en France date d’il y a à peine deux ans, quand Meta l’avait introduit dans le cadre d’accords de rémunération pour respecter les nouvelles règles européennes sur les droits voisins.