La bonne nouvelle du rapport du Reuters Institute est que la confiance dans les médias a augmenté de 6 % en 2020, à 44 % des personnes interrogées. Mais seules 17 % disent payer et même 11 % en France.
Le rapport annuel sur l’information à l’ère du numérique du Reuters Institute de l’université d’Oxford livre un cocktail de nouvelles plus ou moins bonnes pour les médias d’information. En 2020, année marquée par la crise du coronavirus, la confiance dans les médias a augmenté de 6 points, à 44 % des personnes interrogées disant avoir « la plupart du temps confiance dans les informations qu’ils lisent ».
Mais la propension à payer n’a progressé, elle, que de 2 points, à 17 % de gens déclarant avoir payé pour une forme ou une autre d’information en ligne. Il s’agit d’une moyenne de 20 pays dans lesquels les éditeurs ont « mis l’accent sur davantage de paiements en ligne ».
Le Digital News Report 2021 , le 10e du genre, analyse désormais 46 pays qui couvrent la moitié de la population mondiale. Les questionnaires ont été gérés par l’institut YouGov et envoyés en février 2021.
Faible confiance en France
La confiance dans les médias est très variable. Elle va de 65 % en Finlande, déjà en tête l’an dernier, à 29 % aux Etats-Unis, le score le plus bas qui s’explique par les divisions idéologiques profondes de la société américaine.
La France se classe au fin fond du classement avec un niveau de confiance atteignant seulement 30 %, un chiffre à comparer à 59 % aux Pays-Bas, 54 % en Allemagne ou 40 % en Italie. Cela dit après l’épisode des « gilets jaunes », le taux de confiance étant de 23 % dans le Digital News Report de 2020 . Le rebond global s’explique, selon le Reuters Institute, par la nature d’une actualité orientée sur une crise sanitaire pour laquelle les faits précis sont importants .
Alors que la tendance à l’érection de « paywalls » pour lire la presse s’est accentuée de par le monde – le rapport cite « El Pais » en Espagne, « El Tiempo » en Colombie ou « News24 » en Afrique du Sud, tous passés au payant -, la propension à payer est là encore très variable selon les pays.
La France se situe en bas du classement.
La Norvège et la Suède se distinguent avec 45 % et 30 %, des chiffres en hausse de 3 points. Le paiement a gagné 4 points en Suisse (à 17 %), Belgique (à 16 %) et Irlande (à 16 %) ou 3 points en Italie (à 13 %). Les Etats-Unis sont à 21 %. Tandis que la France arrive dans le bas du tableau à 11 %, soit seulement un point de plus que l’an dernier. L’Allemagne et le Royaume-Uni ont des taux encore plus bas de 9 % et 8 % respectivement. Le rapport continue de constater qu’une poignée de titres attirent le gros des abonnés.
Penser par soi-même
Malgré l’enjeu démocratique que cela peut éventuellement représenter, l’économie de la presse intéresse peu les gens interrogés par le Reuters Institute. Moins d’un tiers des sondés savent que les médias d’information sont moins profitables qu’il y a dix ans, plus de la moitié ne s’en inquiètent pas (53 %) et à peine plus d’un quart (27 %) est favorable à des soutiens publics.
Parmi les autres enseignements de cette étude, malgré la polarisation croissante de la vie politique, près des trois quarts des sondés (74 %) déclarent vouloir que les médias leur présentent une variété de points de vue et les laissent décider quoi penser par eux-mêmes.
La proportion des consommateurs d’informations qui commencent par s’informer sur des sites dédiés baisse encore, à 25 % (28 % l’an dernier), le point d’entrée principal restant les réseaux sociaux. Enfin, le smartphone a encore accru sa prééminence : 73 % des gens disent s’informer avec cet instrument, contre 69 % en 2019.