Le cogérant du groupe de presse réaffirme son engagement sur le principe d’un droit d’agrément.
Le quotidien Le Monde a encore fait monter la pression contre ses actionnaires en publiant, vendredi, sur trois pages, une tribune signée par 500 personnalités «apportant leur soutien aux salariés engagés dans la défense d’une valeur inaliénable: l’indépendance de leur journal». La rédaction, ainsi que celles du reste du groupe de presse (Télérama, La Vie, L’Obs…), souhaitent obtenir un droit d’agrément, qui leur permettrait d’avoir leur mot à dire sur tout changement au sein de l’actionnariat du groupe. Ce droit est en négociation depuis près d’un an. Il est né de l’arrivée surprise au capital de l’homme d’affaires tchèque Daniel Kretinsky. Déjà propriétaire de Elle, Marianne ou Télé 7 Jours, le milliardaire a acquis en octobre 2018 49 % des parts détenues par Matthieu Pigasse, l’un des deux cogérants du groupe de presse aux côtés de Xavier Niel. Les rédactions ont donné à leurs actionnaires jusqu’au 17 septembre pour leur accorder le droit d’agrément. Xavier Niel a signé le 9 septembre.
LE FIGARO – Que répondez-vous aux journalistes du Monde qui estiment leur indépendance menacée?
Matthieu PIGASSE. – Le groupe Le Monde bénéficie d’un cadre juridique depuis 2010 qui lui confère une indépendance totale et absolue. Rien ne peut la menacer ni la remettre en cause. Cela n’existe nulle part ailleurs. La présence des journalistes au capital et au conseil d’administration a été sanctuarisée. Ils disposent de nombreux droits, comme l’approbation par 60 % des journalistes de la nomination d’un directeur de la rédaction. La charte d’indépendance interdit toute intervention des actionnaires dans la ligne éditoriale. Ces droits sont devenus perpétuels en 2017, qu’importe la part du pôle d’indépendance dans le capital du groupe. J’ajoute que depuis neuf ans j’ai respecté toutes mes obligations d’actionnaire. C’est d’ailleurs moi qui ai pris seul l’initiative en 2010 de reprendre Le Mondeà un moment où sa pérennité et son indépendance étaient menacées. Alors pourquoi de telles accusations aujourd’hui? Qui instrumentalise cela et pourquoi?…