Le groupe CMI France du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky annonce être entré en négociation exclusive avec l’homme d’affaires Pierre-Edouard Stérin, cofondateur de Smartbox, pour la vente de l’hebdomadaire « Marianne ». Natacha Polony est invitée à rester aux commandes du titre.
Fin du suspense pour la rédaction de « Marianne ». Les salariés ont eu la confirmation ce mardi, par une annonce en comité social et économique (CSE), de l’identité de leur probable futur propriétaire, le milliardaire conservateur Pierre-Edouard Stérin, cofondateur notamment de Smartbox qui lui a permis de devenir la 104e fortune de France selon Challenges (1,2 milliard d’euros).
Dans un communiqué, le groupe CMI France du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky confirme la signature d’un accord de négociation exclusive avec le groupe Otium, la société d’investissement qui gère les actifs de Pierre-Edouard Stérin, pour la cession de « Marianne ». CMI avait annoncé il y a quelques semaines son intention de céder l’hebdomadaire, dont la ligne éditoriale souverainiste serait apparue trop en décalage avec les convictions pro-européennes de Daniel Kretinsky.
En plus d’Otium, trois candidats à la reprise auraient montré des signes d’intérêt, selon « Challenges ». Une information non confirmée par CMI. Au final, seules deux offres auraient été remises, dont celle de Pierre-Edouard Stérin qui a été choisie, et une autre venant d’une personne dont le nom n’a pas été divulgué lors du CSE, selon les informations de « La Lettre » confirmées par nos sources. Le montant de la transaction n’est pas dévoilé.
L’enjeu de l’indépendance éditoriale
Selon CMI France, le groupe Otium s’est engagé dans sa lettre d’intention à « maintenir l’identité éditoriale telle qu’elle a été formulée dans le manifeste publié à sa création en 1997 », à proposer à Natacha Polony de poursuivre en qualité de directrice de la rédaction et « apporter une série de garanties statutaires quant à l’indépendance de la rédaction ». Otium se serait aussi « engagé à financer solidement la poursuite du redressement du journal », qui demeure déficitaire.
Les signataires se donnent un mois pour parvenir à un accord définitif, précise CMI France. Mais en raison des procédures d’information et de consultation des salariés, la vente pourrait n’être bouclée qu’à la rentrée. Une clause de cession devrait alors être ouverte. Chez « Marianne », certains s’étonnent que Pierre-Edouard Stérin, qui ne cache pas ses convictions catholiques, s’intéresse à un journal ouvertement laïc.
Selon l’Alliance pour les chiffres de la presse et des médias (ACPM), la diffusion de « Marianne », qui vient par ailleurs de lancer une nouvelle formule et de baisser son prix de vente en kiosque, s’est maintenue ces quatre dernières années autour de 130.000 exemplaires (128.600 en 2023). CMI indique avoir injecté 20 millions d’euros dans le journal depuis sa reprise en 2018. Selon certaines sources, des discussions seraient également en cours entre le journal « L’Opinion » et le groupe CMI France pour la reprise du média en ligne, un point que dément toutefois son fondateur, Nicolas Beytout.