CCFI

L’Union européenne s’attaque aux penchants monopolistiques des Gafa

La Commission planche sur une nouvelle autorité pour surveiller les géants du numérique.

Un nouveau front s’ouvre en Europe pour les géants du numérique. Après les sorties tonitruantes de Donald Trump contre les réseaux sociaux, les plateformes internet regardent avec méfiance les travaux en cours de la Commission européenne. La vice-présidente de l’exécutif européen, Margrethe Vestager, veut renforcer son arsenal de lutte contre les monopoles numériques. Une concertation sur le sujet a été ouverte mardi. L’objectif est de proposer des textes en fin d’année.

Les outils européens existant de la politique de la concurrence sont dépassés par le gigantisme et l’activisme des Gafa. Les amendes infligées jusqu’à présent ne servent pas à grand-chose, a pu constater celle qui était déjà commissaire à la Concurrence sous la précédente mandature. La Danoise veut se doter d’un «nouvel outil de concurrence». Celui-ci lui permettrait, à la façon du héros de Minority Report, d’agir avant que le crime ne soit commis. Dans l’idéal. La Commission aurait le droit d’enquêter sur un marché avant qu’il ne soit phagocyté par un géant du numérique et de sévir pour empêcher une issue fatale pour la libre concurrence.

En parallèle, la Commission européenne entend réactualiser la réglementation encadrant les plateformes, qui date d’il y a 20 ans dans le cadre d’un paquet de mesures baptisé «Digital services act», un projet piloté conjointement par Margrethe Vestager et surtout Thierry Breton, commissaire en charge du numérique notamment. «Les règles de l’an 2000 ne sont plus du tout adaptées à la situation actuelle, notamment au regard du pouvoir qu’ont acquis les plateformes numériques, explique-t-on dans l’entourage de Thierry Breton. Dans le commerce en ligne, elles jouent un rôle de “gatekeeper” (gardien de la porte d’entrée, NDLR), à la fois juge et partie. Certes, elles permettent à des PME d’accéder aux consommateurs européens. Mais, en même temps, ces plateformes peuvent mettre en avant leur propre service de manière non équitable.» Les réseaux sociaux devraient aussi se trouver plus encadrés qu’aujourd’hui. Bruxelles prévoit de fixer des obligations de moyen à Twitter, Facebook ou TikTok afin qu’ils soient réellement incités à lutter contre la haine en ligne ou encore la désinformation.

La crise du coronavirus a d’ailleurs permis aux géants du numérique d’endosser leurs responsabilités. «La pandémie a accéléré la prise de conscience des plateformes quant à leur responsabilité, observe un proche de Thierry Breton, qui préfère la corégulation à l’imposition d’une réglementation trop corsetée. Elles ont pris des décisions impensables auparavant, comme la réduction des bandes passantes des services de streaming ou la mise en place de bandeaux d’information renvoyant vers des sites fiables.»

Lire la suite : Le Figaro du 4/6/20 page 20 et 21

Pascal Lenoir

Nos partenaires

Demande d’adhésion à la CCFI

Archives

Connexion

Vous n'êtes pas connecté.

Demande d’adhésion à la CCFI