Il y a quelques mois, ce groupe suédois avait racheté la société française Youboox. Avec cette levée de fonds, Nextory a pour ambition de s’étendre géographiquement et d’enrichir son catalogue de contenus. Sur son segment de marché, la firme doit faire face à de rudes rivaux comme Spotify ou Amazon.
C’est l’un des deux « pure players » de référence dans la distribution de livres numériques et audio. Le groupe suédois Nextory vient de boucler un tour de table de 10 millions d’euros. « Nous avions l’ambition de faire notre entrée en Bourse prochainement mais les conditions de marché nous ont poussés à revoir nos plans », souligne Hélène Mérillon, responsable France de Nextory qui a racheté en octobre Youboox – un service tricolore donnant accès, moyennant un abonnement payant, à de la presse quotidienne, des magazines, des livres numériques et audio, etc. – qu’elle avait lancé en 2012. « Mais l’IPO reste inscrite sur notre feuille de route à long terme. »
En attendant, avec cette levée de fonds, Nextory entend se focaliser à la fois sur son expansion géographique et sur l’enrichissement de son catalogue de contenus. « On ne s’interdit pas non plus de faire des acquisitions », note Hélène Mérillon. Aujourd’hui, la société propose plus de 900.000 titres sur son application et revendique avoir noué des accords de distribution avec 17.051 éditeurs et/ou ayants droit sur les dix marchés européens où elle est aujourd’hui déployée.
En concurrence directe avec Storytel
Employant près de 170 salariés, dont 30 en France, Nextory assure être aujourd’hui rentable au niveau de ses activités nordiques, ce qui englobe son marché domestique : la Suède, ainsi que le Danemark, la Norvège et la Finlande.
L’an passé, son principal rival et compatriote, Storytel, a généré 258 millions d’euros de revenus et a atteint une capitalisation boursière de 365 millions. A l’instar de ce dernier – qui compte plus de 2 millions d’abonnés -, Nextory a opté pour un modèle payant avec des offres allant de 10 euros (pour la formule standard) jusqu’à 20 euros (formule famille) par mois.
« Ces groupes ont des arguments pour se faire une place sur le marché de l’édition mais je crois plus à l’avenir de ce type d’offres sur l’audio que sur l’e-book. Ce qui signifie qu’un groupe comme Nextory va devoir être capable de rivaliser avec Spotify », fait valoir un bon connaisseur de l’industrie, alors que le format audio a pris de l’ampleur ces dernières années dans le secteur, tandis que les e-books plafonnent.
Les ambitions de Spotify
« Les livres audio vont être une opportunité massive […] à 70 milliards de dollars par an. […] Et comme nous l’avons fait dans le podcast, préparez-vous à ce que nous jouions pour gagner », a ainsi prévenu Daniel Ek, le patron de Spotify, au début du mois, lors de la « journée des investisseurs » de son groupe qui a bouclé, il y a une dizaine de jours, l’acquisition de Findaway. Cette plateforme revendique avoir le catalogue de livres audio le plus volumineux au monde.
« C’est une bonne nouvelle que Spotify se positionne sur le livre audio car le groupe joue un rôle d’évangélisateur pour le marché qui sera assez grand pour des spécialistes comme nous », fait valoir Hélène Mérillon dont la firme bataille aussi avec Amazon (via Audible et Kindle). Pas les moins coriaces des adversaires.