Les livres au format poche occupent une place à part dans le cœur des lecteurs… et dans la comptabilité des éditeurs.
Le “ format Charpentier ”
Nous sommes en 1838. Louis-Philippe est sur le trône. Une minirévolution s’apprête à bouleverser le monde… du livre : l’éditeur parisien Gervais Charpentier crée un nouveau format (11 x 18 cm), moins coûteux à produire. Son secret : une couverture cartonnée et des caractères d’impression resserrés, qui permettent une importante économie de papier. Le « format Charpentier » est vendu au prix de 3,50 francs, soit quatre fois moins cher que le prix moyen d’un livre classique. L’éditeur publie les grands auteurs de l’époque (Balzac, Hugo, Musset, etc.) et séduit d’emblée les lecteurs.
Part du format poche dans les ventes et la production de littérature (année 2020) Part du format poche en 2020
34,3 % du CA
52,5 % des exemplaires vendus
44,8 % des titres publiés
25,5 % des exemplaires vendus
Succès et polémiques
L’affaire est donc dans la poche pour Charpentier. Et ses concurrents ne vont pas tarder à se mettre à la page : Louis Hachette avec sa « Bibliothèque des chemins de fer » (1853), la maison d’édition Michel Lévy frères (1856), ou encore Flammarion avec « Auteurs célèbres » (1887)… Mais le véritable essor du format poche surviendra en 1953 avec la création de la collection « Le Livre de poche », dirigée par Henri Filipacchi. Cependant, une certaine intelligentsia s’opposera fermement à la « vulgarisation de la culture ». Julien Gracq ou Henri Michaux refuseront même que leurs œuvres soit publiées en petit format. Quant aux libraires, ils voient d’un mauvais œil la réduction de leur marge commerciale et cachent ces petits formats dans les recoins de leurs boutiques…