Alors que les consommateurs préféraient les produits labellisés, locaux ou bio, ils favorisent désormais les produits premier prix.
Après un bel été au cours duquel les Français se sont laissés aller à dépenser, l’inflation continue en cette rentrée de façonner de nouveaux comportements d’achats. Le bilan de la consommation à fin août dressé par NielsenIQ souligne combien les clients des grandes surfaces se sont adaptés, depuis le début de l’année, à la soudaine envolée des prix qui atteint désormais 6,6 % dans les grandes surfaces.
Dans ce contexte inédit depuis trente ans, de nombreux clients sont contraints de réduire leurs achats, y compris pour se nourrir. «De janvier à fin août, le chiffre d’affaires des grandes surfaces a progressé de 1,6 % mais cette croissance est uniquement liée à l’inflation», constate Nicolas Léger, directeur chez Nielsen. Les volumes eux, c’est-à-dire le nombre de produits achetés, se contractent de 1,7 %. Ce n’est pas une chute massive, les volumes étant encore supérieurs à leur niveau d’avant Covid, en 2019. «Les achats restent soutenus par la croissance de la population et par le fait que beaucoup de Français, depuis la pandémie, ont perdu l’habitude de manger à l’extérieur de chez eux», estime Nicolas Léger.
La hausse des prix a en revanche stoppé nette une tendance de fond qui prévalait depuis plusieurs années dans les grandes surfaces et qui soutenait leurs ventes: celle qui consistait, pour les ménages, à «manger moins mais mieux», à privilégier des produits un peu plus chers, pourvu qu’ils soient plus sains, locaux, labellisés ou bio. «L’évolution du comportement de nos clients est claire, constate Ludovic Delcloy, directeur financier chez Auchan Retail. Ils viennent plus souvent faire leurs courses mais repartent avec de plus petits paniers, remplis d’articles moins valorisés que par le passé.»
Un renversement des valeurs
De son côté, Alexandre Bompard observe aussi «une incroyable attention aux prix, devenus le critère numéro un d’achat des clients. Ils achètent de moins en moins de viande rouge, qu’ils remplacent par du porc premier prix, détaillait récemment le PDG de Carrefour, sur BFMTV. Le poisson, dont le prix a augmenté de 10 %, est devenu un produit de luxe. Les ventes d’œufs bio et Label rouge, sur lesquels tout le monde s’était rué, baissent de 10 % à 20 %.»…