Le leader de l’imprimerie met la main sur France Routage et Sodicom, quelques semaines après Proximy. Il veut être présent sur toute la chaîne du papier, de l’impression à la distribution.
Riccobono poursuit sa stratégie de diversification. Le géant de l’imprimerie multiplie les acquisitions pour tenter de résister au déclin de la presse papier . « Il nous faut courir plus vite que la baisse de notre marché. Et cela passe par des optimisations, des synergies et le développement d’activités connexes », explique Guillaume Riccobono, président de ce groupe familial très discret.
Il vient de mettre la main sur France Routage et Sodicom (dans le même groupe) dont le métier est le traitement des abonnés postés et le brochage (ajout des couvertures des magazines, mise sous film des magazines et journaux qui sont ensuite envoyés par La Poste ou directement distribués aux lecteurs, etc.). L’ensemble est racheté à 80 % (sur la base d’une valorisation de 3 millions d’euros).
Avec un chiffre d’affaires d’environ 25 millions d’euros, France Routage (avec Sodicom) est leader sur ce marché avec une spécialité sur les magazines. Mais Riccobono compte surtout s’appuyer sur cette nouvelle prise de guerre pour développer les synergies avec ses propres activités.
Le groupe va proposer aux clients de France Routage de nouveaux services, comme une pose d’étiquettes avec les noms et adresses des abonnés – comme il le fait déjà pour ses clients traditionnels -, alors que les films plastiques d’emballage vont être interdits en 2022. D’autre part, Riccobono espère développer le portage de magazines en utilisant la force de frappe de Proximy, spécialisé sur le portage de presse, qu’il a acheté il y a un mois au groupe Les Echos – Le Parisien.
250 millions d’euros de ventes
Le leader de l’impression, qui réalise un chiffre d’affaires d’environ 250 millions d’euros (post-opération), compte désormais trois piliers – des métiers certes méconnus, mais indispensables dans la filière de la presse. D’abord, l’impression de journaux, son activité historique avec sept lieux de production (dont cinq en province), lui permet d’imprimer tous les grands quotidiens nationaux. Elle pèse environ 40 % des revenus du groupe.
Il s’agit d’une activité à faible marge avec des coûts fixes importants, d’où l’intérêt de mutualiser les impressions de journaux. « Aujourd’hui, la plupart des quotidiens nationaux se sont délestés de leurs imprimeries et passent par les nôtres, même si plusieurs sont toujours au capital dans une logique de partenariat. Seule la presse quotidienne régionale garde ses imprimeries, même s’il y aurait du sens à partager des centres », explique le dirigeant.
Livraison de petits colis
Ensuite, l’impression de magazines, catalogues et prospectus, qui représente ensuite environ 40 % de son chiffre d’affaires. Cette activité a progressé avec la reprise d’H2D (rebaptisé « Helio Print ») en 2018 puis, plus récemment, une prise de participation de 75 % dans les imprimeries Lenglet, une entreprise qui fait des magazines, catalogues ou journaux tirés sur de gros volumes, comme les catalogues des supermarchés. Ce sont ces activités qui affichent les meilleures rentabilités.
« Grâce à ces acquisitions, nous avons pu reprendre des magazines qui étaient imprimés à l’étranger comme ‘Version Femina’ ou ‘Madame Figaro’. Et nous espérons convaincre plusieurs acteurs de la grande distribution de relocaliser en France leur impression de prospectus réalisée à l’étranger. Mais nous sommes tout de même conscients que ce type de publicité ne sera pas en croissance, dans un souci écologique », ajoute Guillaume Riccobono.
Et, enfin, la logistique, le portage et les services associés avec Proximy et désormais France Routage. Riccobono envisage des acquisitions futures dans cette sphère et de nouvelles activités, par exemple la livraison de petits colis en même temps que les journaux. « Nous apportons de plus en plus des solutions globales aux éditeurs, il y a des relais de croissance », assure le dirigeant.
Lire : Les Echos du 24 novembre