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L’illettrisme reste un mal profond en entreprise

Une grande enquête va être lancée pour actualiser le nombre de personnes qui ne maîtrisent pas la lecture, l’écriture ou le calcul. Ils étaient estimés à 2,5 millions en 2011, dont la moitié en emploi.

Leur nombre était estimé à 3,1 millions en 2004, soit 9 % des 18-65 ans. Ils étaient encore 2,5 millions en 2011, 2 points de moins, dont la moitié en emploi. Dix ans plus tard, combien la France compte-t-elle de personnes souffrant d’illettrisme, c’est-à-dire passées par l’école mais incapables de maîtriser lecture, écriture ou calcul ?

Pour le savoir, il faudra attendre encore un an et les résultats d’une nouvelle enquête d’envergure, dont le financement vient d’être accordé par le gouvernement. En attendant, un Atlas de l’illettrisme publié par l’agence nationale chargée de lutter contre ce frein social et économique, l’Anlci, montre que le problème est loin d’avoir disparu.

Honte de soi

Premier opus du genre appelé à être enrichi chaque année, cet atlas est rendu public à l’occasion de la huitième édition des Journées nationales d’action contre l’illettrisme qui débutent ce lundi pour une semaine. Témoignages, films, débats, actions engagées par des agences Pôle emploi ou des missions locales… près de 650 manifestations sont prévues en appui d’une campagne nationale.

« L’illettrisme reste un phénomène perçu avec une certaine honte », rappelle le directeur de l’Anlci, Hervé Fernandez, quand ce n’est pas en plus la peur d’être dénoncé par un collègue. D’où l’intérêt de faire témoigner celles ou ceux qui ont franchi le Rubicon et qui ont pu évoluer dans leur vie personnelle et professionnelle.

e-illettrisme

Signe que l’illettrisme n’est pas tari, l’Atlas rappelle que 4,6 % des jeunes participant à la Journée défense et citoyenneté sont en situation d’illettrisme. Normandie, Ile-de-France, Paca et les DROM affichent des taux encore plus élevés. « Environ 30.000 jeunes d’une génération souffrent de déficit de compétences de base », analyse le président de l’Anlci, Christian Janin.

Sans surprise, ce déficit se nourrit d’un environnement familial défavorisé, du fait du chômage notamment, et nourrit lui-même un e-illettrisme : plus d’une personne sur deux qui a du mal à lire, écrire ou calculer fait état de freins à l’utilisation des outils numériques, omniprésents dans la vie de tous les jours, contre un sur trois en moyenne dans la population française.

#Stopillettrisme

Pour la présidente de l’association #Stopillettrisme, Samira Djouadi, le problème reste toujours aussi important et le Covid n’a rien arrangé. En dix ans d’existence, les 18 entreprises adhérentes, parmi lesquelles L’Oréal, à l’origine du projet, TF1, AccorInvest ou Publicis, ont réussi à sortir 500 personnes de cet enfermement – parmi leurs salariés ou ceux de leurs sous-traitants – en finançant formation et tutorat sur le temps de travail.

« Dès qu’une personne s’engage, c’est gagné car 99 % vont au bout », témoigne-t-elle. Le bout ? Un certificat professionnel reconnu qui demande un effort certain, mais ouvre des portes, d’agent d’entretien vers chef d’équipe par exemple. Parmi les certifications possibles, figure bien sûr Cléa, conçue par les partenaires sociaux au niveau interprofessionnel . Depuis 2016, année des premières promotions, 51.334 personnes l’ont obtenue.

 

Lire : Les Echos du 6 septembre

 

Jean-Philippe Behr

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