Comme chaque année depuis 2009, la société Cision présente son étude sur l’état des médias dans le monde destinée aux professionnels des RP, en interrogeant plus de 3800 journalistes dans 17 pays. L’occasion de sonder l’évolution de la profession de journaliste et de ses difficultés. Car si le métier n’est pas nouveau, les défis le sont. Le rôle du journalisme est toujours de rapporter des faits, mais couvrir simplement l’actualité ne semble pas suffire. Les moyens financiers et humains sont de plus en plus limités, les technologies évoluent à une vitesse grand V et la concurrence est rude entre réseaux sociaux et influenceurs.
Conserver sa crédibilité et lutter contre les fake news
Cision a alors demandé aux journalistes quelles étaient leurs principales difficultés. Pour 32% d’entre eux, le plus dur serait de conserver leur crédibilité en tant que source de confiance, et de combattre les « fake news ». Selon les journalistes interrogés, ce serait leur défi numéo 1 notamment parce que le public aurait de moins en moins confiance en eux. Ils sont 57% à estimer que cette confiance s’est brisée au cours de l’année dernière.
Le dernier rapport du Reuters leur donne d’ailleurs raison puisque 29% des personnes qui évitent l’information le feraient par manque de confiance ou parce que les articles seraient biaisés.
Un manque de personnel et de ressources important
Leur deuxième problème est le manque de personnel et de ressources. Le flux ininterrompu d’information qui caractérise notre époque pousse en effet les journalistes à devenir multitâches : 29% d’entre eux écrivent au moins 10 articles par semaine et 43% des journalistes couvrent plus de 5 domaines d’actualités différents.
Le déclin de la publicité et des sources de revenus
Le troisième problème majeur rencontré est sans surprise le déclin de la publicité et des sources de revenus dû à la diversification des canaux de diffusion. La concurrence et la pression qui en découle pour écrire des articles attrayants pour les lecteurs affectent directement le traitement de l’information par les journalistes : pour 56% d’entre eux, les statistiques détaillées sur leur audience jouent un rôle important dans le choix des sujets à traiter.
Les journalistes et les réseaux sociaux
Face à l’évolution des contenus multimédias et les réseaux sociaux, Cision s’est aussi interrogé sur la relation qu’entretenaient les journalistes avec le digital. Il s’avère que de nombreux journalistes utilisent les réseaux sociaux, que ce soit pour publier ou promouvoir du contenu (20%), pour interagir avec leur audience (18%) ou pour développer leur réseau (16%). Globalement, la majorité utilise Facebook, même si selon la plateforme, seulement 4% du contenu du fil d’actualité d’un utilisateur est de l’information. Viennent ensuite Twitter et LinkedIn. A l’échelle régionale, quelques nuances sont à relever : l’oiseau bleu est autant utilisé que Facebook en Amérique du Nord, alors qu’en Europe LinkedIn est plus courant que Twitter. En Asie, c’est Instagram qui détient la deuxième place.
Certains réseaux sociaux comme Tiktok ou Snapchat sont délaissés par les journalistes, les éloignant du jeune public (respectivement 5% et 1%) alors même que 15% des 18-24 ans utilisent le réseau social chinois pour les actualités. Leur définition de l’actualité étant plus large, beaucoup de jeunes utilisateurs sont consommateurs et créateurs d’information. Cette nouvelle source d’actualité indirecte est la raison pour laquelle les journalistes considèrent que les réseaux sociaux et les influenceurs court-circuitant les médias traditionnels est leur quatrième difficulté.
La pratique des réseaux sociaux invite les journalistes à multiplier les éléments multimédias dans leurs articles pour attirer des lecteurs et adapter leur contenu aux plateformes. Ainsi, 81% des journalistes interrogés ont intégrés des images à leurs articles ces 6 derniers mois. Presque 50% ont aussi intégré des vidéos, et 41% de l’infographie.
Pour conclure, Cision présente une profession surchargée de travail mais qui manque cruellement de moyens. En plus d’écrire plusieurs articles par semaines, les journalistes couvrent des sujets variés qui peuvent être bien éloignés les uns des autres. La vitesse avec laquelle le monde de l’information évolue en fait une profession qui doit s’adapter rapidement malgré une baisse de moyens liée notamment à l’érosion des revenus publicitaires. Pour autant, les journalistes intègrent pleinement les plateformes à leur métier tant en amont pour la recherche d’information qu’en aval pour la promotion de leur contenu. Une tension palpable qui n’est pas prête de cesser.
Etude réalisée entre janvier et février 2022 auprès de 3890 répondants dans 2160 organes de presse provenant de 17 pays différents (Allemagne, Australie, Canada, Chine, Espagne, Etats-Unis, Finlande, France, Hong-Kong, Indonésie, Italie, Malaisie, Portugal, Royaume-Uni, Singapour, Suède et Taïwan)
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