Une solution partielle et provisoire a été trouvée pour les habitants des Bouches-du-Rhône, privés de journaux et d’une partie des magazines depuis quatre mois.
Des kiosques débordant de Paris Match et de Gala, de Libération et des Echos, distribués par France Messagerie, côtoyant Marie Claire et Point de vue, Ça m’intéresse ou Le 1, distribués par les Messageries lyonnaises de presse (MLP). Ce panorama a toutes les chances de devenir réalité dès jeudi 24 septembre sur la zone couvrant les Bouches-du-Rhône et une partie du Var, privée d’un très grand nombre de publications depuis quatre mois.
Les amateurs de presse devraient pouvoir s’en donner à cœur joie, dans la limite de la gestion des flux et des stocks, chez des marchands de journaux de nouveau bien approvisionnés. « Nous avons réactivé tous les systèmes informatiques dès le week-end dernier, se réjouit Cédric Dugardin, le directeur général de France Messagerie (ex-Presstalis, l’autre distributeur de la presse en France, avec les MLP). Même si nous avons prévu de livrer des quantités moindres de journaux, nous sommes prêts. » Afin de pallier autant que possible le manque, trois points relais provisoires avaient été mis en place depuis quelques jours, permettant la livraison des quotidiens (sauf L’Humanité) chez une soixantaine de diffuseurs.
La situation était verrouillée depuis le mois de mai et le redressement judiciaire de Presstalis, qui a provoqué le licenciement des salariés des filiales locales de la messagerie (appelées SAD). Désireux de poursuivre leur activité au sein d’une nouvelle structure, une société coopérative d’intérêt collectif (SCIC), et en attendant de la mettre sur pied, les ouvriers avaient lancé une occupation de l’entrepôt.
« Tout peut s’arrêter de nouveau le 14 octobre »
Pour que l’activité redémarre, il fallait lever un premier obstacle : satisfaire la demande de garantie de paiement des loyers posée par le bailleur du hangar. C’est désormais chose faite, puisqu’ils ont été versés jusqu’en décembre, et que les MLP ont accordé un dépôt de garantie supplémentaire de trois mois. La distribution des journaux peut donc reprendre, mais reste fragile tant que le second point de blocage, encore plus délicat, n’est pas levé. En effet, pour monter leur SCIC, les ouvriers exigent que France Messagerie et les MLP entrent au capital. Ce que l’une et l’autre refusent catégoriquement.
A Lyon, où la situation est comparable, l’activité a repris dès juillet avec la perspective de création d’une SCIC. Mais le projet achoppe et, là aussi, le propriétaire des locaux utilisés a ses exigences : il compte récupérer la jouissance de son bien dans moins d’un mois. « Tout peut s’arrêter de nouveau le 14 octobre, prévient donc Guillaume Dumoulin, délégué syndical CGT à la régie provisoire de Vénissieux (Rhône). Sans l’appui des messageries et des collectivités locales, comment les salariés pourraient-ils louer seuls, sans argentiers pour les épauler, les locaux nécessaires ? » A Lyon comme à Marseille, c’est un serpent qui se mord la queue : sans implication des deux messageries, pas de SCIC ; sans SCIC, pas de bail possible ; sans locaux, pas de journaux.
Fustigeant « l’irresponsabilité » des pouvoirs publics qui « ne joueraient pas leur rôle » (« la distribution de la presse est une obligation légale »), M. Dumoulin parle de « statu quo mortifère ». Même si on trouvera Le Monde ou L’Equipe, jeudi matin sur la Canebière, Cédric Dugardin le reconnaît aussi de son côté : « Rien n’est résolu. Mais pour les miracles, prévoyez un délai. »
Lire : Le Monde du 23 septembre