Comment la désinformation opère-t-elle son industrialisation ? De quelle manière le réseau social Twitter est-il devenu une “arène inclusive pour la liberté d’expression”, sous l’ère Elon Musk ? Pourquoi certaines figures politiques constituent-elles les cibles privilégiées des diffuseurs de fake news ? Tour des tendances qui agitent le monde des fake news.
A l’heure où Twitter se retire du code européen contre la désinformation en ligne – un accord dédié entre autres à une meilleure coopération avec les fact-checkers et à la mise en place de sanctions de privation de publicité pour les sites diffusant des intox, une étude lancée par France Télévisions dans le cadre du projet “A European Prospective”, explore la mutation accélérée des fausses nouvelles, dans un paysage médiatique morcelé. Voici le cinquième article de notre série dédiée au rapport Trends and patterns on disinformation.
1 L’industrialisation de la désinformation
En 2016, les tactiques de désinformation pouvaient se résumer à de simples opérations individuelles, menées entre autres par des spammeurs macédoniens diffusant des fake news pro-Trump et des trolls russes. Aujourd’hui, la donne a changé. Une industrie mondiale d’entreprises de relations publiques d’un nouveau genre émerge. Des agences de marketing et de communication offrent de façon décomplexée et à grande échelle des services de diffusion de fake news. Ses clients ? Des politiciens, partis, gouvernements, heureux de profiter de ces entreprises à l’aura respectable en apparence, dont la promesse initiale est de “modifier la réalité” selon les souhaits de leurs clients. Pour soigner sa façade et attirer les clients, ces firmes emploient le jargon du secteur de la com’ afin de “neutraliser la stigmatisation du véritable travail de désinformation qu’elles effectuent”. Chez eux, on ne dit pas “troll rémunéré”, mais “travailleur de soutien numérique”. Il s’agit avant tout de s’éloigner de l’image de transactions louches, opérés clandestinement sur un marché noir.
Lire la suite : Meta-Média du 2 juin
Télécharger : l’étude (75 pages)