La part d’internautes prêts à payer pour s’informer sur le Web stagne. Les médias font face à la concurrence des services de divertissement, comme Netflix, Spotify.
Impossible d’y échapper. A peine arrivé sur le site Internet d’un média, l’internaute voit s’afficher une fenêtre lui proposant de s’abonner sous peine de ne pouvoir lire l’article. Une stratégie de plus en plus adoptée par les éditeurs de presse, qui renoncent au modèle gratuit reposant sur la publicité, aujourd’hui captée par Google, Facebook et Amazon.
Mais ce virage pourrait être compromis, à en croire la dernière étude de l’Institut Reuters, publiée mercredi 12 juin. A partir d’un sondage mené auprès de 75 000 personnes dans 38 pays, les chercheurs rattachés à l’université britannique d’Oxford pointent que même si le nombre d’abonnés croit, la part des lecteurs disposés à payer pour s’informer sur Internet se maintient généralement à 11 % depuis six ans. Au point que plusieurs observateurs redoutent que le secteur ait heurté un plafond. Cette inquiétude est d’autant plus légitime que « peu de gens sont actuellement prêts à s’abonner à plus d’un média en ligne », souligne l’étude. C’est alors la « logique du gagnant rafle tout » qui prime : cet unique abonnement se porte sur les titres dominants, au détriment des journaux locaux ou spécialisés.
« Fatigue de l’abonnement »
Car le budget des internautes n’est pas extensible à l’infini, et les médias font en plus face à la concurrence des services de divertissement, comme Netflix, Spotify ou Apple Music. S’ils devaient souscrire à un seul abonnement, seuls 7 % des sondés de moins de 45 ans se tourneraient vers un média, tandis que les offres de vidéo et de musique en attireraient 37 % et 15 %.
Si bien que les auteurs de l’étude voient se dessiner une « fatigue de l’abonnement », concept selon lequel « les gens en ont marre qu’on leur demande de payer séparément différents services en ligne », explique Richard Fletcher, de l’Institut Reuters. Face à cette menace, une solution réside, selon les chercheurs, dans les bouquets regroupant un abonnement à un média et à un autre type d’offre. Le Washington Post, propriété de Jeff Bezos, le PDG d’Amazon, propose par exemple à ses abonnés un tarif réduit pour le service de livraison du géant du commerce en ligne, tandis que 40 % des nouveaux abonnés du New York Times proviennent de ses applications de cuisine et de mots croisés.
Les lecteurs sont aussi demandeurs de bouquets entre plusieurs médias selon les auteurs. Ils prennent pour modèle l’abonnement au…
Lire la suite : Le Monde du 11 juin