Des rachats colossaux en suspens des deux côtés de l’Atlantique, des raz de marée technologiques annoncés par l’intelligence artificielle… Le classement des 50 leaders de l’édition mondiale 2023, initié il y a bientôt 20 ans par Livres Hebdo, et publié avant la Foire internationale du livre de Francfort conjointement dans cinq pays et sur trois continents, semble stagner. Mais il faut se méfier des flots qui dorment comme du lait sur le feu.
NB : le classement complet et ses commentaires est à retrouver en PDF dans les documents liés à cet article ainsi qu’ici :
Le classement 2023 des 50 plus gros éditeurs, sur la base de leurs revenus 2022, n’a pratiquement pas évolué par rapport à celui de l’année précédente, du moins en façade. Mais à bien y regarder, en profondeur, on perçoit des mouvements sous-jacents, contrastant avec la stabilité de la surface. Ainsi, l’activité générée par l’ensemble des 50 premières entreprises d’édition au monde s’est accrue de 6,6 %. Portée par celle du top 10 qui représente 55 % de l’activité totale, et qui augmente même de 10,2 %. Comparé à la stabilité des revenus générés par les éditeurs classés entre la 11e et la 20e place, et à la très légère progression (3,2 %) du reste du classement, c’est une performance remarquable des plus grands groupes. Cette année 2023 marque également les 10 ans de l’acquisition par Penguin de Random House, qui a déclenché une vague de fusions et d’acquisitions entre grands et moyens éditeurs internationaux, après une concentration plus forte dans le secteur de l’édition scolaire et professionnelle. Ce mouvement de fond s’est heurté depuis environ deux ans aux autorités de régulation de la concurrence. L’annulation par la justice américaine du rachat de Simon & Schuster par le même Penguin Random House à l’automne 2022, comme le refus de la Commission européenne opposé au projet d’acquisition de Lagardère, maison mère d’Hachette Livre, par un Vivendi qui aurait conservé Editis, ont marqué la fin d’une séquence. Celle du « winner takes it all » de la concentration éditoriale au sens capitalistique…