L’ensemble de la rédaction a signé un texte, publié en pleine page dans le quotidien, demandant à leurs actionnaires de leur accorder un «droit d’agrément» garantissant leur liberté éditoriale. Seul Xavier Niel a donné son accord à ce jour.
Matthieu Pigasse, Daniel Kretinsky et Madison Cox, héritier de Pierre Bergé, doivent signer la reconnaissance d’un droit d’agrément pour les salariés du Monde. Tel est en subtance le message publié en pleine page ce mardi dans le quotidien, en bisbille avec ses actionnaires. Ainsi, plus de 460 journalistes, soit l’intégralité de la rédaction du Monde, ont signé cette tribune demandant «la garantie de leur indépendance éditoriale».
La semaine dernière, le pôle d’indépendance du Monde, constitué des rédactions du groupe, a posé un ultimatum à ses actionnaires. Cela fait près d’un an que ces derniers leur avaient promis la création d’un droit d’agrément, leur permettant de rejeter l’arrivée d’un nouvel actionnaire au sein du capital du groupe de presse. Mais les discussions pour formaliser ce droit traînent en longueur. Le pôle d’indépendance a donc conçu un document synthétique, et non-négociable, résumant l’état des négociations. Les actionnaires ont jusqu’au 17 septembre pour le signer, sachant que les signatures de Xavier Niel et Matthieu Pigasse sont indispensables pour que le texte entre en application. Lundi, Xavier Niel a apposé sa signature sur le document.
«Que Daniel Kretinsky joigne le geste à la parole»
Les salariés du Monde font donc monter la pression sur ses autres actionnaires, et plus particulièrement sur le duo formé par Matthieu Pigasse et l’homme d’affaires tchèque Daniel Kretinsky. Déjà propriétaire de Elle, Marianne ou Télé 7 Jours, Daniel Kretinsky détient 49% des parts de Matthieu Pigasse dans le groupe Le Monde. Les deux hommes se sont aussi alliés pour racheter les 20% détenus par le groupe espagnol Prisa. Objectif, devenir rapidement les premiers actionnaires du Monde en parts de capital. Ces mouvements se sont faits sans que le pôle d’indépendance ne soit informé, et ce dernier s’inquiète pour l’avenir. «Sans ce garde-fou [du droit d’agrément], l’entrée au capital d’un nouvel actionnaire qui ne respecterait pas les équilibres en place depuis près de dix ans entre la rédaction et les propriétaires de l’entreprise menacerait la place singulière du Monde dans la presse française», écrivent les journalistes dans leur tribune…