Intermarché, Carrefour, Cdiscount, Rakuten ou Amazon les incitent à digitaliser avec eux leurs activités.
Les temps difficiles voient naître des alliances inattendues. La grande distribution tend aujourd’hui les bras aux petits commerçants fermés. Depuis que les rayons jugés «non essentiels» des grandes surfaces sont bâchés sur ordre du gouvernement, certains produits ne sont plus disponibles qu’en ligne, sur les sites internet de la grande distribution, des enseignes spécialisées ou des pures players de l’e-commerce tel Amazon. Pour éviter que le géant américain ne se taille la part du lion à l’approche de Noël, les enseignes physiques se serrent les coudes.
«Désolé, Amazon», a explicitement signifié Intermarché cette semaine, dans une publicité largement diffusée. Le distributeur indépendant met son site internet à disposition des librairies fermées, qui peuvent y faire référencer leurs produits. Une fois leurs livres vendus sur l’un des «drives solidaires» du distributeur, le retrait de la commande se fait en magasin, à la librairie. Intermarché compte prochainement élargir son offre à d’autres types de produits. «Sorry, Jeff, nous sommes d’ores et déjà en train de travailler à rendre ce service disponible pour les autres commerçants de proximité en difficultés», indique Intermarché, s’adressant directement à Jeff Bezos, le patron d’Amazon.
Carrefour a annoncé vendredi une démarche similaire. Le distributeur a lancé en juin une «marketplace», c’est-à-dire une place de marché en ligne, ouverte aux commerçants et artisans qui vendent des produits alimentaires. La moitié de ceux qui l’ont rejointe sont des TPE ou des PME. Dans le cadre de ce deuxième confinement, Carrefour offre l’abonnement à sa marketplace jusqu’à la fin de l’année 2020. «Cette offre permettra à ces nouveaux commerçants d’accéder gratuitement à une très large clientèle sans avoir à dépenser pour cela un euro de marketing, et sans avoir besoin de développer dans l’urgence leur propre site internet», explique Carrefour. Le distributeur vise pour l’instant les commerçants qui vendent des produits alimentaires, d’hygiène et de beauté ou ont une offre d’animalerie ou de puériculture. Sa marketplace, essentiellement alimentaire, va s’ouvrir au non-alimentaire à l’occasion du «Black Friday», fin novembre.
Les commerces fermés n’ont plus que l’embarras du choix pour vendre leurs produits en ligne. Outre les offres de la grande distribution, fleurissent celles des places de marché dont c’est le principal métier. Cdiscount, Rakuten, eBay ou Amazon multiplient les initiatives pour attirer les commerçants physiques qui peinent en ce moment à écouler leurs stocks…