Fratrie, cousins, cercle éloigné: sur les applications, les discussions maintiennent les relations, mais peuvent parfois être sources de tensions.
«The Family», «Sisters», «Les couz’»: les discussions familiales et leurs noms reconnaissables ont envahi nos applications de messagerie instantanée. Mais qu’ils rassemblent la fratrie, les cousins, la famille élargie, ces groupes et sous-groupes sont de véritables révélateurs de la dynamique familiale.
«Les groupes WhatsApp familiaux réduits, ce sont les gens que tu as choisis, avec qui tu t’entends le mieux», témoigne Olivier*, 49 ans. Lorsque son père a eu un grave souci de santé, il a créé un groupe «élargi» avec ses frères, sa sœur, leurs conjoints et leurs enfants, afin de donner régulièrement des nouvelles du patriarche. «Au bout de trois jours, la discussion a bifurqué sur des photos de mes neveux et nièces, que je ne connais même pas, explique-t-il. Ça m’a surpris, ce n’était pas l’objectif.» Il a quitté cette discussion pour en créer une plus simple, avec seulement deux de ses frères les plus proches.«En fait, les comportements sur WhatsApp sont un peu révélateurs de la psychologie de ma famille.»
« Discussion élargie »
Ces conversations groupées, plus ou moins restreintes, permettraient de retracer les contours de la famille. «La famille est un concentré d’histoires, et parfois d’éléments névrotiques, décrypte Michael Stora, psychologue et fondateur de l’Observatoire des mondes numériques en sciences humaines. Sa famille, on ne la choisit pas dans la vraie vie, mais sur WhatsApp, si.» Alors que 49, 3 % des Français utilisent cette application en 2021, selon l’agence internationale We Are Social, ces groupes et sous-groupes deviennent des réunions de famille 2.0. «C’est comme si la conversation élargie était le déjeuner autour de la grande table, puis les sous-discussions s’apparentent aux promenades de l’après-midi en nombre réduit, où l’on rebondit sur ce qui a été dit.» L’instantanéité des messageries permet de contracter seulement cet espace-temps…