Le groupe Riccobono, propriétaire de la PME du Nord, a investi 20 millions d’euros sur cette nouvelle ligne de fabrication qui doit permettre de contrer la chute du marché des prospectus publicitaires.
Face à la baisse du marché des prospectus publicitaires, Lenglet Imprimeurs vient d’annoncer ajouter une corde à son arc en lançant dès 2025 une ligne de fabrication de protections contre l’incontinence adulte. La société installée à Raillencourt-Sainte-Olle (Nord), près de Cambrai, créée par William Lenglet et son père en 1981, imprime magazines, catalogues et prospectus publicitaires.
L’annonce de Michel Edouard Leclerc, il y a deux ans, d’arrêter totalement les prospectus, mise en oeuvre en septembre 2023, à l’instar de ce que faisaient déjà d’autres enseignes, a incité l’imprimeur à réfléchir à une diversification. « Nous avons cherché une activité en lien avec notre métier d’imprimeur mais avec les matières premières que nous utilisons », explique l’équipe qui a mené le projet.
Après deux ans de R&D, elle a retenu les protections urinaires, qui contiennent de la cellulose. Et aussi parce que leur fabrication se fait sur des machines assez similaires à ses rotatives d’impression et correspond bien à l’expertise des salariés.
Cinquante millions par an
Le groupe Riccobono, basé à Baillargues, près de Montpellier (320 millions de chiffre d’affaires avec 2.800 salariés), a repris Lenglet Imprimeurs en 2021. Il y a investi 20 millions d’euros pour lancer cette fabrication. L’installation d’une première ligne doit démarrer début 2025 pour être opérationnelle en juillet et atteindre une vitesse de croisière en fin d’année avec une capacité de 50 millions de protections par an. Une deuxième machine, prévue dans l’investissement, permettra, en fonction de la demande, de doubler cette production.
La société, qui imprime 70.000 tonnes de papier par an, a réussi à maintenir son volume dans les prospectus grâce à de fortes prospections commerciales. « Nous sommes passés à de plus petites séries avec 40 commandes par mois contre 20 il y a deux ans », précise-t-on chez Lenglet. Son chiffre d’affaires est bon an mal an relativement stable à 50 millions d’euros depuis quelques années.
En s’appuyant sur sa capacité de productivité, la société compte sortir un produit français de qualité à un prix compétitif. Lenglet Imprimeurs juge la chute du marché des prospectus inexorable et n’ignore pas que les Français vivent de plus en plus vieux. Le marché de l’incontinence adulte en grande distribution a fait un bond de 9 % entre 2020 et 2021. Avec cette nouvelle activité, la société entend pérenniser l’emploi de ses 130 salariés répartis entre son imprimerie dédiée à l’héliogravure de Raillencourt-Sainte-Olle et celle fonctionnant à l’offset à Caudry (Nord), son site historique.
Dans le département voisin du Pas-de-Calais, l’imprimerie Mordacq, à Aire-sur-la-Lys, a, elle, été placée en redressement judiciaire au début du mois après une mise en cessation de paiements. La chute des prospectus publicitaires, qui représentent 70 % de son activité – selon son patron, Arnaud Mordacq -, a précipité sa chute. Avec un chiffre d’affaires de 27 millions d’euros en 2022 et 100 salariés, la société accuse trois années consécutives de déficit, frappée par le quadruplement de sa facture d’énergie.
Jean-Philippe Behr
