Des milliers d’hectares ont encore été dévastés dans la dernière grande forêt primaire d’Europe, ces derniers mois. Les autorités sont dépassées.
En matière de disparition de forêts, la Roumanie se pose là. En vingt-cinq ans, des dizaines de milliers d’hectares y ont été coupés illégalement, soit au moins 80 millions de m3 de bois. Des chiffres avancés par les autorités, sans doute sous-estimés.
C’est dire si l’annonce, en pleine épidémie de Covid-19, de nouvelles coupes illégales, par le ministre de l’Environnement Costel Alexe, n’avait en soi rien d’une surprise. Sauf qu’il s’agit de la disparition, excusez du peu, de 100 000 m3 !
L’une des plus grosses coupes illégales de ces dernières années a eu lieu dans le département des Maramures, à la frontière ukrainienne. Un point chaud du trafic. Selon le dernier rapport de Greenpeace (2018), la moitié des coupes illégales vient de là. Plus grave, ce sont souvent des pans entiers de la plus grande forêt primaire d’Europe qui s’envolent.
Six agressions mortelles
Personne, pas même la Commission européenne qui exige régulièrement du pays qu’il respecte la législation sur le bois, ne parvient à endiguer le fléau. Bucarest est dépassée. Et rejette implicitement la faute sur les autorités de Maramures : Costel Alexe a déclaré que les 100 000 m3 de coupes s’étaient étalées sur huit années sans que personne ne signale rien
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Une enquête a été ouverte, mais les habitants de la région se disent fatigués, voire ulcérés. Certains ont bloqué des camions, accusés de charger du bois illégal. Non sans risque… L’enjeu est tel que les trafiquants n’hésitent pas à utiliser la violence. La Régie nationale des forêts a compté 185 agressions sur son personnel depuis 2014, dont six mortelles.
Le ministre a promis de protéger les forêts séculaires du pays en les excluant du marché. Mais la route est longue : cela fait des années que Greenpeace et d’autres ONG réclament la modernisation du système de surveillance, en imposant des caméras et un GPS sur chaque camion.