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Le site de la Chapelle Darblay choisi pour développer un projet de recyclage

Le président de la Métropole de Rouen préempte le site papetier de la Chapelle Darblay appartenant à UPM. Objectif : le revendre à Veolia/Fibre Excellence, qui veulent produire 400.000 tonnes de papier pour ondulé par an pour le marché de l’emballage carton, en plein boom.

Nouvelle épisode dans le feuilleton « Chapelle Darblay » l’usine de Grand-Couronne, près de Rouen (Seine-Maritime) mise en vente en septembre 2019 par son propriétaire UPM et fermée en mai 2020 après 90 années de fabrication de papier journal. Agissant par délégation de la commune de Grand-Couronne, le président socialiste de la Métropole de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol, a annoncé le 11 février 2022 la préemption du site pour un montant de 5 millions d’euros. La collectivité prévoit aussi d’acquérir pour 3 millions d’euros l’outil industriel, deux machines à papier et une chaudière biomasse qui n’entrent pas dans le périmètre de la préemption.

« Nous avons reçu l’acte de préemption de la Métropole pour 5 millions d’euros pour le terrain et les bâtiments », a confirmé Daniel Schwab, président du conseil de surveillance d’UPM France, avant de préciser qu’UPM étudierait la proposition concernant l’achat des équipements industriels « le moment venu ». L’industriel papetier a vendu le 15 novembre 2021 devant notaire, pour 8 millions d’euros, son site Chapelle Darblay (terrains, bâtiments et outil industriel) au recycleur Paprec associé à un investisseur normand Samfi. Les deux partenaires avaient le projet de bâtir une plateforme de réception et de valorisation énergétique de déchets (Paprec) associée à une unité de production d’hydrogène par électrolyse (Samfi). Une vente annulée de facto par la préemption.

Les élus veulent conserver une activité industrielle

« C’est un acte politique inédit en France, s’est félicité Nicolas Mayer-Rossignol. Nous voulons privilégier un avenir industriel au site et sauvegarder son savoir-faire en matière d’économie circulaire », le site disposant d’une capacité de recyclage de vieux papiers de 400.000 tonnes. L’élu ne veut pas devenir papetier, mais revendre ensuite à un opérateur.

Le tandem constitué par Veolia et Fibre Excellence (producteur de pâte à papier à Tarascon et Saint-Gaudens) est pressenti. Il avait déposé une offre de reprise de Chapelle Darblay deux jours avant la date d’examen des offres par le conseil de surveillance d’UPM France. Leur projet est de produire 400.000 tonnes de papier pour ondulé (PPO) par an pour le marché de l’emballage carton en plein boom et d’investir 100 millions d’euros sur le site, notamment pour transformer la machine à papier à l’arrêt depuis mai 2020. L’élu affirme avoir le soutien de la puissance publique (aides, engagement de la BPI et accord de la CRE pour les tarifs de rachat de l’électricité produite par la chaudière biomasse).

Si une étape est franchie vers une relance de l’aventure papetière de Chapelle Darblay, l’histoire n’est cependant pas encore écrite. L’exercice de préemption peut en effet être contesté pendant deux mois devant le tribunal administratif.

Rouen bientôt une place forte du papier pour ondulé ?

Une chose est sûre, si Veolia/Fibre Excellence venait à produire du papier pour ondulé (PPO) sur le site Chapelle Darblay, la région rouennaise deviendrait une place forte du papier carton. A 10 kilomètres de là, le britannique DS Smith en produit 285.000 tonnes par an. A 20 kilomètres, le belge VPK doit en produire 450.000 tonnes fin 2022 après avoir converti la machine à papier qui produit du papier de bureau. Ironie de l’histoire, VPK s’était intéressé un temps à la reprise de Chapelle Darblay, mais s’est finalement tourné vers « Double A » à Alizay qu’il a acheté en juin 2021.

 

Lire : Les Echos du 11 février

 

Jean-Philippe Behr

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