La proposition de loi portée par Laure Darcos a été adoptée au Sénat, en première lecture, dans le cadre d’une procédure accélérée du gouvernement. La loi « Améliorer l’économie du livre » cherche à rompre avec la distorsion de concurrence entre libraires et plateformes, mais réforme aussi le dépot légal, la cessation d’activités des éditeurs et le montant des subventions territoriales.
Le Sénat a adopté mardi 8 juin, en première lecture, avec le soutien affirmé du gouvernement, une proposition de loi portée par Laure Darcos (LR), « Améliorer l’économie du livre », consacrée au frais d’envoi de livres, afin de protéger les librairies indépendantes d’une « distorsion de concurrence » des plateformes en ligne.
Elle propose la mise en place d’un prix plancher – fixé par arrêté – facturé au client pour les frais d’envoi de livres, afin de mettre fin à un avantage d’Amazon qui pratique une quasi-gratuité. Les sites de vente en ligne devraient en outre distinguer clairement les livres neufs et les livres d’occasion.
« Le livre n’est pas un bien comme les autres« , a souligné la ministre de la Culture Roselyne Bachelot, saluant un « texte bienvenu » porteur d' »un renforcement très important de notre régulation du prix du livre« . Le président de la République, Emmanuel Macron, avait expressément affirmé qu’il était pour une réforme des frais de port concernant le livre à l’occasion du lancement national du Pass Culture fin mai.
Le gouvernement a engagé la procédure accélérée sur ce texte, ce qui laisse augurer un sort favorable à l’Assemblée nationale. Il « permet d’adapter le monde du livre à l’ère du numérique, de rééquilibrer les relations souvent complexes entre éditeurs et auteurs (…) et c’est un beau symbole qu’il soit examiné quelques semaines après que nous ayons célébré les 40 ans de la loi Lang » sur le prix unique du livre, a développé la ministre.
Une subvention accordée aux librairies indépendantes
La sénatrice Laure Darcos a rejeté l’argument selon lequel « Amazon serait le défenseur de la ruralité et des plus modestes« . « Son marché principal se trouve dans les grandes agglomérations, auprès des catégories socio-professionnelles favorisées, parfaitement capables d’absorber une augmentation des tarifs de livraison« , a-t-elle affirmé. La disposition a été très largement soutenue à droite comme à gauche, malgré un gros bémol de la rapporteure pour avis de la commission des Affaires économiques Martine Berthet (LR), selon qui « elle devrait conduire à une hausse drastique du prix des livres (…), sans pour autant que les libraires ne gagnent de clients supplémentaires« …